Ses combats vont encore de soi : régulation du marché du travail, redistribution des richesses, justice fiscale, protection sociale. La cause paraît entendue. Ses diagnostics sur la montée des inégalités et l’impasse écologique sont partagés. Et pourtant son nom, plus personne n’ose s’en revendiquer. En France, la social-démocratie fait profil bas en cette veille de scrutin présidentiel. Laminé dans les sondages (Anne Hidalgo et Christiane Taubira stagnent autour des 2% d’intention de vote), inaudible à l’ère des clashs algorithmiques, ringardisé par les sensationnalismes populistes, le courant français d’inspiration socialiste et réformiste, conjuguant compétitivité économique et Etat-providence, oscille plus jamais entre obsolescence programmatique et disqualification politique.
Son essence même, la modération et la recherche du compromis social, paraît entrer en contradiction totale avec l’immédiateté et l’univocité vers lesquelles le débat public et médiatique s’orientent irrémédiablement. Si la social-démocratie renvoie à une forme de concertation institutionnalisée garante d’arrangements entre partenaires sociaux, le régime présidentiel hexagonal, où la personnalisation du pouvoir confère une prime à la différenciation et donc à la radicalité, reste marqué par la culture de l’affrontement. Contrairement au modèle allemand, où le mode d’élection de l’exécutif procédant du Parlement et de la proportionnelle induit davantage les concessions mutuelles entre corporations et