En sciences, quand une expérience ne fonctionne pas, il faut revoir soit les hypothèses de départ, soit le protocole mis en place. C’est un peu le principe de base. Pourtant, quand il s’agit de lutter contre les inégalités dans ces mêmes sciences, on persiste à employer les mêmes discours et à mettre en place des initiatives sur un même diagnostic : il s’agirait avant tout d’un défaut d’attractivité des sciences et d’un manque de confiance en soi pour s’y investir. Avec, pour seul résultat, la persistance de ces inégalités, voire leur aggravation dans le temps. Fruit de quatre ans d’enquête dans les quartiers populaires, l’essai de la sociologue Clémence Perronnet la Bosse des maths n’existe pas (1), bat en brèche toutes les idées reçues sur l’origine de ces inégalités et parle plutôt «d’exclusion et de censure sociale».
Quel est l’état des lieux des inégalités dans les sciences ?
Deux indicateurs sont pertinents : le fait de faire des études dans les disciplines scientifiques puis celui de faire carrière. On constate que les gens qui s’impliquent dans les études et les professions scientifiques ne sont pas représentatifs de la population dans son ensemble. La répartition est inégale selon plusieurs critères. Le mieux documenté, c’est le critère de genre. Aujourd’hui, on sait que les femmes sont sous-représentées. On est à peu près à parité dans les filières au lycée, mais les chiffres chutent dans l’enseignement supérieur, notamment pour les filières les