C’est une question qui nous a tous traversés un jour : «Mon téléphone est-il en train d’espionner mes conversations ?». S’il est à peu près certain qu’un agent du contre-espionnage n’a pas l’oreille rivée à votre ligne téléphonique, c’est aussi parce qu’il n’y en a pas besoin : votre activité devant l’écran suffit à ce que des spécialistes du traitement de données vous connaissent plus intimement que vos proches. Si vos traces de navigation sont aussi prisées, c’est que «les données sont le pétrole du XXIe siècle», comme l’a déclaré l’entrepreneur Clive Humby, pionnier de l’analyse des données, auquel l’on doit par ailleurs l’invention de la carte de fidélité pour les supermarchés. On comprend vite l’analogie, en s’imaginant une grosse pompe à pétrole virtuelle qui extrait des gisements d’infos générées par les internautes. Une fois raffinée, c’est-à-dire analysée grâce à des modèles de machine learning, une technologie liée à l’intelligence artificielle, cette manne fait la richesse des géants du Web qui l’utilisent pour vendre, entre autres, de la publicité ciblée. D’où le sentiment que votre téléphone vous espionne. Mais, comme toute analogie, celle-ci a des limites : les données ne sont pas un gisement naturel qu’il suffirait d’exploiter. Les clics, requêtes dans les moteurs de recherche, temps de visualisation d’une vidéo sont produits par les utilisateurs. Sans eux, pas de don
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Comment empoisonner ses données pour déboussoler les Gafa
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«Hypernormalisation» de l'artiste Aram Bartholl, 2021. (Aram Bartholl)
par Nicolas Celnik
publié le 25 août 2021 à 20h30
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