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Comment revivre après un viol ?

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Violences sexuellesdossier
La philosophe américaine Susan Brison a pris sa propre agression comme sujet d’étude pour analyser les effets de la violence sexuelle sur son corps et son identité. L’essentiel de sa reconstruction a consisté à «assembler un moi brisé». Elle propose un vade-mecum de survie aux victimes.
Bury (Backyard, Gaylord, Michigan), 2016. Photo tirée de la série «Ripe Lands» de la photographe américaine Trisha Holt. (Trisha Holt)
publié le 8 novembre 2024 à 12h16

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Le 4 juillet 1990, à 10h30, sur une petite route de campagne française, près de Grenoble, où elle se promenait par un temps splendide, une jeune Américaine, Susan Brison, se fait violemment agresser par un inconnu. Il la viole, tente de la tuer par strangulation. Pour rester vivante, elle joue la morte. L’homme la laisse quasi sans vie dans un ravin.

Susan Brison a une particularité, elle est philosophe. De cette expérience traumatique extrême, elle a tiré un livre, qu’elle a mis dix ans à écrire. Sorti aux Etats-Unis il y a vingt ans, Et nos cœurs, malgré tout, survivent, est paru dans la collection «Petite Biblio Payot» (Payot et Rivages). Ce récit n’a rien perdu de son acuité. Au contraire, il résonne avec #MeToo et aujourd’hui le procès de Mazan.

Comme de nombreuses victimes, la philosophe décrit la honte, le manque d’empathie envers les victimes, l’injonction bienveillante de l’entourage l’invitant à «oublier». Mais justement, elle ne veut pas oublier. Au contrai