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Conflits d’intérêts au cœur des banques centrales ?

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Chronique «Economiques»dossier
Les économistes de ces institutions ont tendance à surévaluer les effets positifs des politiques monétaires… et mènent de très belles carrières en leur sein, démontre une étude menée par l’université de Chicago.
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publié le 15 mars 2021 à 19h35

Les années 90 et 2000 regorgent de conflits d’intérêts dans la recherche biomédicale : les industriels ont été pris la main dans le sac, soit à influencer le dispositif expérimental, soit directement à supprimer des résultats non favorables (1). Notre époque pourrait bien voir émerger un nouveau type de conflits d’intérêts qui concerne un acteur de plus en plus important, les banques centrales. Etant donné la place qu’a prise la politique monétaire dans la gestion économique depuis quinze ans, on aimerait bien être sûr que l’évaluation de son efficacité est fiable. Malheureusement, une étude de l’université de Chicago vient de démontrer des biais dans les recherches réalisées par les économistes de banques centrales. Petit rappel : la politique monétaire a été le siège d’une révolution intellectuelle et pratique depuis 2008 : c’est la révolution du QE pour les amateurs de mots courts au Scrabble (Quantitative Easing ou «assouplissement quantitatif»). Pendant trente ans, les banques centrales n’agissaient que sur le prix de l’argent (le taux d’intérêt) et non pas directement sur la quantité d’argent. Elles baissaient le taux pour stimuler l’activité et l’augmentaient pour limiter la surchauffe. Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans n’ont pas connu… Depuis 2008, les taux sont au plancher, ils sont même passés sous zéro en Europe. Privées de ce levier pour relancer la machine, les banques centrales se sont mises à jouer cette fois-ci sur les quantités en achetant mas