Comment donc des astronautes nazis ont-ils trouvé leur place dans un débat à l’Assemblée nationale ? Il a fallu que se croisent l’intérêt pour le spatial d’un député, Aurélien Saintoul (LFI), et la sortie d’un livre amené à faire référence dans le domaine, Une histoire de la conquête spatiale, des fusées nazies aux astrocapitalistes du New Space (La Fabrique, 2024), co-écrit par Irénée Régnauld, chercheur associé à l’université de Compiègne, et Arnaud Saint-Martin, chargé de recherche au CNRS (et candidat LFI aux législatives de 2022). Le sujet, discuté dans une salle proche de l’hémicycle le 20 mars lors d’une présentation publique du livre à l’initiative d’Aurélien Saintoul (pratique courante au Palais-Bourbon), pourrait paraître éloigné de la chose politique ; mais, comme le rappelle ce dernier, «la France est une grande puissance spatiale et il est important de mettre en perspective ce que nous devons à l’espace et ce que nous pouvons réellement en espérer».
C’est justement ce que propose le livre de Régnauld et Saint-Martin : rappeler d’où viennent l’imaginaire, la technique, et les pères de la conquête spatiale, pour éclairer la situation actuelle du milieu. Commençons par les nazis : ce qu’on appelle aujourd’hui l’industrie spatiale est né lorsqu’un «amateurisme de la fuséologie» a été absorbé par l’armée allemande, dans la seconde moitié des années 30. C’est vers la fin de la guerre, dans l’une des premières grandes usines industrielles taylorisée