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Interview

Crise du logement et camping à l’année : «Un mobil-home se rapproche de l’idéal du pavillon»

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Crise du logementdossier
Face à la hausse des prix de l’immobilier, vivre au camping est une solution de plus en plus envisagée dans les classes populaires. Le sociologue Gaspard Lion a enquêté durant quatre ans auprès de ces habitants.
A la Souterraine, dans la Creuse. (Antoine Dumont/Divergence)
publié le 4 avril 2024 à 20h06

Il y a les mobil-homes tout confort, avec télé HD et jardin impeccable, mais aussi les caravanes délabrées qui prennent l’eau. Et dans ces logements non ordinaires, des gens qui vivent au camping à l’année. Difficile à mesurer, le phénomène se développe à mesure que la crise du logement prive les classes populaires d’un foyer abordable. Le sociologue Gaspard Lion a enquêté durant quatre ans dans plusieurs campings, et vécu lui-même en caravane. Il en a tiré cet intéressant ouvrage, Vivre au camping. Un mal logement des classes populaires (Seuil, sortie ce vendredi 5 avril), dans lequel il prend au sérieux les contraintes qui pèsent sur ces personnes sans tomber dans le misérabilisme.

Chez les interlocuteurs qu’il a rencontrés, beaucoup sont heureux d’être là, revendiquant un mode de vie et des valeurs, explique-t-il dans ce livre qui distingue trois catégories d’habitants : ceux qui s’installent par contrainte avec l’espoir que ce soit temporaire ; ceux qui sortent de la grande précarité, voire de la vie à la rue ; mais aussi les moins précaires qui s’installent au camping par choix et achètent un logement individuel confortable.

Pourquoi est-il difficile de cerner l’ampleur du phénomène, qui concerne probablement plus de 100 000 personnes en France ?

Parce qu’aucun outil statistique ne le mesure. Les enquêtes sur le logement s’intéressent très peu aux formes marginales ; les statistiques sur les personnes sans domicile sont établies à partir des centres d’héberge