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Interview

Crise du logement et camping à l’année : «Un mobil-home se rapproche de l’idéal du pavillon»

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Face à la hausse des prix de l’immobilier, vivre au camping est une solution de plus en plus envisagée dans les classes populaires. Le sociologue Gaspard Lion (Prix de Thèse sur la Ville 2019) a enquêté durant quatre ans auprès de ces habitants.
A la Souterraine, dans la Creuse. (Antoine Dumont/Divergence)
publié le 4 avril 2024 à 20h06

Il y a les mobil-homes tout confort, avec télé HD et jardin impeccable, mais aussi les caravanes délabrées qui prennent l’eau. Et dans ces logements non ordinaires, des gens qui vivent au camping à l’année. Difficile à mesurer, le phénomène se développe à mesure que la crise du logement prive les classes populaires d’un foyer abordable. Le sociologue Gaspard Lion a enquêté durant quatre ans dans plusieurs campings, et vécu lui-même en caravane. Il en a tiré cet intéressant ouvrage, Vivre au camping. Un mal logement des classes populaires (Seuil, sortie ce vendredi 5 avril), dans lequel il prend au sérieux les contraintes qui pèsent sur ces personnes sans tomber dans le misérabilisme.

Chez les interlocuteurs qu’il a rencontrés, beaucoup sont heureux d’être là, revendiquant un mode de vie et des valeurs, explique-t-il dans ce livre qui distingue trois catégories d’habitants : ceux qui s’installent par contrainte avec l’espoir que ce soit temporaire ; ceux qui sortent de la grande précarité, voire de la vie à la rue ; mais aussi les moins précaires qui s’installent au camping par choix et achètent un logement individuel confortable.

Pourquoi est-il difficile de cerner l’ampleur du phénomène, qui concerne probablement plus de 100 000 personnes en France ?

Parce qu’aucun outil statistique ne le mesure. Les enquêtes sur le logement s’intéressent très peu aux formes marginales ; les statistiques sur les personnes sans domicile sont établies à partir des centres d’héberge