Quand une académicienne octogénaire, fille d’instituteurs de la France rurale, consacre ses mémoires à la défense d’une certaine idée de l’Ecole et de la république, la «splendide promesse» que porte le titre pourrait induire en erreur, annonçant un combat laïcard et universaliste face aux obsessions «woke» d’une jeunesse que l’autrice ne comprendrait plus. Ce serait mal connaître Danièle Sallenave, parfaite illustration qu’il faut toujours se méfier de l’eau qui dort, se dit-on en la rencontrant dans son perchoir près de la révolutionnaire place de la Bastille. Certains rouges, en vieillissant, ne perdent rien de leur verdeur, et même les eaux les plus stagnantes, comme elle les aime, savent se faire fleuve impétueux.
«J’y ai construit mon rapport au temps»
Des bords de Loire qui l’ont vue grandir aux rives du canal Saint-Martin qu’elle contemple depuis (presque) toujours du haut de son cocon parisien, sa vie bat au rythme fluvial des péniches et de cette onde qui n’est jamais tout à fait la même ni tout à fait une autre. «J’y ai construit mon rapport au temps», médite l’écrivaine, bercée par le doux tangage animant le bassin de l’Arsenal. Et un rapport à l’histoire donc, qui fait le cœur de la Splendide Promesse. Mon itinéraire républicain.
Deux ans et demi de travail lui auront été nécessaires pour coudre ensemble la petite et la grande, collectant ses souvenirs épars pour reconnecter finement les grands chamboulements, mondiaux et hexagonaux, qu’elle a traversés, et son itinéraire idéologique à ell