Entre fantasmes et dark romance, des liens dangereux, vraiment ? Comment expliquer que, sept ans après l’émergence de #MeToo, des livres dans lesquels des femmes se montrent soumises sexuellement et affectivement à des hommes dangereux remportent un tel succès auprès de très jeunes lectrices ? Depuis quelques mois, ce paradoxe est souvent énoncé. Des chroniqueuses, des éditrices (très peu d’hommes, d’après notre étude empirique) se posent cette question, et les réponses apportées ici et là sont hésitantes.
La dark romance, branche crue de la new romance, qui ressemble à l’ancestrale collection Harlequin, est un genre qui tire son épingle du jeu alors que le marché de la littérature générale est morne. Dans ces ouvrages, il est question de viols et de punitions imposées à des femmes. Ces romans – Captive, de la Française Sarah Rivens, édité chez Hachette, est le volume emblématique − plaisent à des adolescentes qui avaient 8, 9, ou 10 ans lorsque le mouvement #Metoo est apparu.
Si vous cherchez le rayon qui abrite ces textes dans une librairie, il se peut qu’avant même de vous indiquer le chemin la libraire vous mette en garde : ces livres s’adressent aux adultes, ne les achetez pas pour une adolescente, même si elle insiste. Néanmoins les lectrices mineures se les procurent facilement, parfois par dizaines. Précision importante : la dark romance est écrite par des femmes.
Le grand écart entre le changement progressif des discours et des comportements d’un côté, et l’appé