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Entretien

David Le Breton : «Avec les smartphones, la conversation est ébranlée pour la première fois dans l’histoire de l’humanité»

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Le professeur de sociologie à l’université de Strasbourg décrit la «rupture anthropologique» que le smartphone a créée dans nos vies.
Photo extraite de la série «Sur-Fake» (2015) d'Antoine Geiger. (Antoine Geiger)
publié le 17 janvier 2024 à 15h30

Chercheur prolifique, David Le Breton travaille sur le corps. Dans de nombreux ouvrages : Des visages. Une anthropologie (Métailié, 2022), Disparaître de soi. Une tentation contemporaine (Métailié, 2015), il s’attèle à révéler les fondements de notre humanité, que le numérique viendrait ébranler. Fasciné par l’installation éclair du smartphone et des réseaux sociaux dans nos existences, Le Breton alerte sur les dangers qu’ils constituent pour notre santé mentale et physique, ainsi que pour le débat démocratique. Il fera bientôt paraître un livre sur «la fin de la conversation».

Comment qualifier la place qu’a prise le smartphone dans nos vies ?

Il s’agit d’une colonisation totale de la vie quotidienne. Le smartphone a créé une rupture anthropologique dans le rapport à l’autre et à l’espace. Il suffit de regarder le trottoir de n’importe quelle ville du monde pour voir que les individus avancent tirés par leurs smartphones, se cognant les uns contre les autres. Prosternés devant leur écran, les visages disparaissent. Les enfants se retrouvent négligés par des parents happés par leur portable. Nous