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Libération
«Libé», 50 ans, 50 combats

De l’exécution de Christian Ranucci à l’abolition, «Libé» contre la peine de mort

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Libération a 50 ansdossier
Jusqu’à l’élection de François Mitterrand, la guillotine était omniprésente à la une du journal qui avait fait de la disparition de la guillotine un combat primordial.
La une de «Libé» du 29 juillet 1976.
publié le 30 octobre 2023 à 12h00

«Je parle du sang qui gicle, je parle des paupières qui battent après que la tête soit coupée, je parle du bruit provoqué par le choc de la chair, des os et de l’acier.» En janvier 1977, le journaliste Sorj Chalandon suit avec passion le procès de Patrick Henry, l’assassin de Philippe Bertrand, 7 ans, pour Libération. «Badinter est hors de lui, on le sent aux bords des larmes, il parle à des sourds, à des murs. […] La tension est extrême. Deux femmes jurées pleurent. Badinter leur rappelle qu’ils vont devoir décider de la vie de cet homme et que là réside tout le débat.» Hors de la salle d’audience, un autre journaliste de Libé, Gilles Bresson, décrit l’ambiance de la rue. «Les badauds se pressent pour voir Henry sortir du tribunal. Lui : “Il va sortir de l’autre côté ce cocu !” Elle : “Si ça se trouve c’est bien fini et on est là comme des cons.” Le chœur : “Ça s’allume, ça y est.” […] “A mort salaud”, crie quelqu’un et une vingtaine d’autres. Ah que c’est chouette d’avoir un beau monstre…» Le procès de Patrick Henry devient celui de la peine de mort. Le criminel échappe, «dans la stupeur générale», à l’échafaud.

On est frappé de voir la place que tiennent les chroniques judiciaires dans le Libé des années 70 et 80. Dans les pages du journal, il n’est pas rare de lire côte à côte deux comptes rendus de procès qui se bousculent. Dans celui-ci, un certain Jean Faur est acquitté alors qu’il a tué son fils. Le même jour, une ancie