Depuis l’université du Vermont, où il réside pour une année sabbatique, le politiste franco-israélien Denis Charbit, de l’Université ouverte d’Israël, analyse les ressorts du traumatisme du 7 octobre sur la société israélienne, et ses déclinaisons politiques à court et à long terme.
En quoi l’attaque du Hamas marque-t-elle une rupture pour les Israéliens ?
C’est d’abord le franchissement non seulement d’une frontière physique, mais d’une limite morale. Si le Hamas avait tué 300 soldats, le choc aurait été douloureux, les Israéliens auraient qualifié l’opération de «terroriste» mais admis en silence que le cadre des lois qui préside au conflit a été respecté. Ce n’est pas un attentat de plus. Avec les atrocités commises sur les civils au-delà de leur simple exécution sommaire, la parade des cadavres et d’otages dans les rues de Gaza, toutes les limites ont été réduites à néant. Cette monstration des horreurs, cette jouissance de tuer furent portées à un paroxysme