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Entretien

Denis Podalydès sur Pierre Bourdieu : «On ne peut pas reprocher à un sociologue qui décrit une loi sociale de ne pas y échapper»

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Dans un livre vivant et plein de charme, l’acteur Denis Podalydès raconte avec tendresse et acuité sa longue amitié avec la famille de Pierre Bourdieu. Une occasion de confronter les théories du grand sociologue à la façon dont il les vivait dans sa vie privée.
Le comédien et acteur Denis Podalydès à Paris, le 5 février 2025. (Marguerite Bornhauser/Libération)
publié le 7 février 2025 à 11h01

En 1983, Denis Podalydès arrivait en khâgne au lycée Henri-IV et se liait d’une amitié profonde et durable avec Emmanuel Bourdieu, l’un des trois fils du sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002), théoricien des déterminismes de classe. Emmanuel Bourdieu intégra l’Ecole normale supérieure, le futur comédien rata trois fois le concours, mais réussit celui du Conservatoire national supérieur d’art dramatique. Dans un livre (1), il se souvient de sa rencontre avec la famille Bourdieu, qu’il fréquentait beaucoup et au sein de laquelle il se sentait pleinement à l’abri alors qu’il était fragile, incertain et très inquiet de son avenir, comme on l’est souvent à 20 ans.

Le texte est autant un autoportrait qu’un portrait de l’auteur de la Distinction (Editions de Minuit, 1979), que Denis Podalydès admirait. Ces années auprès des Bourdieu sont fondatrices de la personne qu’est devenu le comédien. Comme si elles faisaient miroiter la «théorie du capital culturel» du professeur au Collège de France, laquelle met en évidence la manière dont les individus se comportent et agissent dans leur vie quotidienne en fonction de leur position dans la société. Mais pas que.

A deux reprises, dans votre récit, vous vous demandez si vous n’idéalisez pas Pierre Bourdieu tandis que vous vous dénigrez…

En rassemblant mes souvenirs de ces années-là, l’impression d’e