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Entretien

Dominique Méda : «Nous sommes un pays arriéré dans nos relations au travail, nous avons encore une conception très hiérarchique»

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Loi travail, la réforme qui fâchedossier
La spécialiste de l’emploi renverse certaines idées reçues dans son essai «Une société désirable» : la crise politique s’explique aussi par une dégradation des conditions de travail, engendrant mépris social et déclassement.
Dans une entreprise de recyclage à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), le 22 janvier 2025. (Lionel Bonaventure/AFP)
publié le 30 janvier 2025 à 15h07

A l’heure où le plus hautement désirable en politique serait de s’échapper sur Mars ou de confier notre destin à l’intelligence artificielle (IA), la sociologue Dominique Méda propose une alternative : rester sur terre et en prendre soin. Dans Une société désirable (1), la spécialiste des politiques sociales et de l’emploi, professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine-PSL, remet au centre de la crise démocratique les questions sociales et le travail. Elle évoque trois défis que nous devons surmonter : la crise du travail – qui est tabou en France –, celle de l’Etat-providence et la dernière, la plus sévère, la crise écologique. Et pour y faire face, dit-elle, il faut «démocratiser l’entreprise et l’économie». Un contre-modèle à la «présidence impériale» rêvée par Trump.

Pour expliquer la montée des populismes et de l’extrême droite, nous insistons beaucoup sur la dégradation du politique mais on oublie souvent la dimension sociale de la crise démocratique…

Les élections ont rendu pleinement visible le mal-être d’une partie de nos concitoyens dont les votes se sont largement portés sur les partis d’extrême droite. Ces électeurs seraient racistes, disent certains, d’autres ont pointé l’usage des réseaux sociaux. La crise du travail explique en partie cette crise démocratique. La dernière élection de Donald Trump a prouvé que les questions du travail et de l’emplo