Quand Jennifer Howard a dû vider la maison de sa mère, elle s’est assise à même le sol, le temps de mesurer l’ampleur de la tâche. Cette écrivaine vivant à Washington se souvient avoir «traversé les décombres comme un secouriste évaluant les dommages après un ouragan». Voilà plusieurs décennies que sa mère entassait de tout : des revues jamais lues, des stylos qui marchent ou ne marchent pas, plus de lampes que n’importe quelle nuit pourrait nécessiter, 500 livres de cuisine, des placards entiers de chaussures encore neuves. Partagée entre la colère et la honte, Jennifer Howard a documenté durant des mois son «grand nettoyage», espérant en tirer un antidote et ne jamais laisser une telle charge à ses enfants.
C’est en lisant des ouvrages de développement personnel à la mode, tels les best-sellers de Marie Kondo, la Magie du rangement, que Jennifer Howard a réalisé que son expérience était bien plus banale qu’elle ne l’imaginait. Elle a commencé à voir la maison de sa mère comme un «microcosme dans un désordre bien plus grand» et son épreuve comme un «rite de passage générationnel». Une fois le tri achevé et la maison vendue, Jennifer Howard a entrepris d’écrire un livre qui aborderait l’entassement non pas comme une tare individuelle ou un secret de famille, mais comme un problème sociétal. Il est grand temps, pensait-elle, de se demander quand et comment l’abondance, souvent érigée en fierté américaine, s’est transformée en un piège.
Jennifer Howar