La semaine qui s’ouvrira lundi est pleine d’incertitudes. Si tout le monde s’accorde à considérer comme certaine la fin du bail de François Bayrou à Matignon (à part lui-même, mais fait-il mine ?), bien malin ceux qui s’aventurent à écrire le scénario de l’après. Le stylo est dans la main du président de la République. Mais dans quelle main, la gauche, la droite, ou celle, imaginaire, qu’en Shiva du «en même temps» il se plaît à agiter, quitte à se faire à lui-même des croche-pieds ? Et de quelle couleur sera l’encre présidentielle ? Ce bleu Renaissance un peu fadasse qui lui va bien au teint ? Ce rose qu’il ne peut pas voir en peinture ? Nul ne le sait, peut-être pas lui-même à ce stade… Le bleu marine au moins semble exclu.
A ce flou politique peu artistique se greffe un mystère : que se passera-t-il le 10 septembre, deux jours après le vote de confiance à l’Assemblée ? Si les slogans qui circulent («Bloquons tout !», «Indignons-nous !»), notamment sur les réseaux sociaux, ont un parfum de grand soir, rien ne dit que la journée sera incandescente. Mais rien ne dit non plus qu’elle ne sera pas le début d’un mouvement dans la veine de celui des gilets jaunes.
C’est en tout cas ce que racontent les témoignages recueillis par Libération dans les Vosges, le Maine-et-Loire et le Lot-et-Garonne. La colère s’exprime. De nombreux Français en ont ras le bol. Se détournent du «cirque» politique. Se demandent quels efforts supplémentaires ils pourraient faire – ceux que François Bayrou leur réclame –, quand ils renoncent déjà à acheter de la viande le 5 du mois. N’en peuvent plus de patienter des mois pour obtenir un rendez-vous chez le dentiste, quand ils en obtiennent un. Mais cette colère se double d’un désabusement qui n’incite guère à lever le poing avec entrain. La question est peut-être, là aussi, une histoire de couleur. Comme lors du mouvement des gilets jaunes. Cette colère est-elle rouge ? Un peu brune ? Et que se passera-t-il entre le 10 et le 18 septembre, date de mobilisation fixée par les syndicats ? Cela fait beaucoup de questions. Ajoutons-en une : les réponses peuvent-elles encore venir de l’Elysée ?