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Edito

A Beyrouth, apocalypse et morts suspectes

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Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Intellectuel, colonel des douanes, jeune photographe, major de l’armée : la vague d’assassinats qui a suivi la violente explosion du 4 août 2020 force au silence ceux qui savent.
Dans le périmètre hautement surveillé autour du port de Beyrouth. (Libération)
publié le 2 août 2021 à 21h45

Il y eut deux vagues de meurtres. La première ne dura que quelques secondes et fit 214 morts et 6 500 blessés. C’était il y a un an, le mardi 4 août 2020 à 18h08, heure de l’apocalypse à Beyrouth, quand une explosion des plus dévastatrices jamais enregistrées en temps de paix ravagea le port. Les dégâts de ce premier événement ont été estimés par la Banque mondiale à près de 4 milliards d’euros ; la ville entière a sombré depuis dans un chaos financier, politique et humain inimaginable. Puis vint la seconde vague de meurtres, celle qui se trouve au cœur de l’enquête que nous publions dans ces pages. Le premier crime prit pour cible un intellectuel connu pour son opposition au Hezbollah, Lokman Slim, tué le 4 février au Sud-Liban, quelques jours après avoir fait le lien dans un débat télévisé entre le nitrate d’ammonium stocké dans le port de Beyrouth et l’usage croissant des barils d’explosifs par le régime syrien après 2014.

En décembre, ce fut le tour d’un colonel des douanes à la retraite, Mounir Abourjeily, qui avait alerté ses supérieurs, dans une note écrite, sur la cargaison de nitrate d’ammonium à bord d’un bateau mystérieux dans le port de Beyrouth. Quinze jours après, c’est un jeune photographe amateur qui était assassiné en sortant de chez lui par deux hommes masqués. En mars, un major d