Le calme, le soulagement, la joie, l’espoir auront duré au moins quelques jours au Proche-Orient. Ce qui est déjà énorme après deux ans de guerre acharnée. A Gaza, les armes se sont tues une partie de la semaine jusqu’à ce que le Hamas profite du cessez-le-feu pour se livrer à de violents règlements de compte contre des clans rivaux ou des Palestiniens accusés d’être des «collabos». Et dimanche, c’est l’armée israélienne qui a mené des frappes sur le centre et le sud de l’enclave, accusant le Hamas d’avoir tiré en premier et tuant une trentaine de personnes. Bref, le cessez-le-feu ne tient plus à grand-chose, si ce n’est à la pression absolue des pays de la région, conscients qu’un retour de la guerre ne ferait pas leurs affaires.
Le silence, qui règne encore dans une partie de Gaza, n’a rien de serein, confirme le récit que nous publions de l’intérieur de l’enclave. Il serait plutôt de l’ordre du répit. On profite de la trêve pour reprendre son souffle, retrouver sa maison ou ce qu’il en reste, chercher de quoi boire, manger, se soigner, s’abriter. Les enfants sursautent au moindre bruit et les adultes redoutent le retour de la guerre, bien plus encore que le froid ou la faim. Cet entre-deux suspendu à un éclair dans le ciel ne facilite pas l’avancée des discussions sur la suite des événements, notamment sur la reconstruction et pourtant il y a tant à faire : 80 % des bâtiments sont détruits ou endommagés, 55 millions de tonnes de débris et de gravats doivent être déblayés, quasi 100 % de l’eau est imbuvable. Et l’entrée de l’aide humanitaire est à nouveau suspendue. En Israël, après l’euphorie du retour des otages vivants qui a semblé ressouder une société fracturée par la guerre, la politique a repris le dessus. Et c’est un Benyamin Nétanyahou plus déterminé que jamais à garder le pouvoir qui est reparti en campagne, n’hésitant pas à utiliser les récits des anciens captifs du Hamas pour servir son propre récit de victoire. Guerre des récits, guerre des images, guerre des violations de la trêve, il devient de plus en plus difficile de glisser le mot paix entre toutes ces lignes.