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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

A Gaza, les civils paient au prix fort l’échec politique et stratégique israélien

Incapable d’atteindre son objectif d’«annihiler le Hamas», Tsahal ne peut que multiplier les raids, poussant les habitants du territoire dévasté à chercher sans cesse de nouveaux abris.
Un char israélien jeudi dans la bande de Gaza (photo diffusée par l'armée israélienne). (-/AFP)
publié le 11 juillet 2024 à 20h43

Pendant qu’Américains et Européens se concentrent sur leurs échéances électorales, avec plus ou moins d’habileté, la guerre s’intensifie à Gaza où, bientôt, plus aucun immeuble ne restera debout. Déplacés du nord au sud puis du sud au nord et à nouveau du nord au sud, les habitants sont dénués de tout et tentent de survivre, en pleine chaleur, sans eau potable ou presque. Les bombardements intensifs de l’armée israélienne, qui ont tué cette semaine des dizaines de civils (notamment dans des écoles), alternent avec les combats au sol, les soldats de Tsahal essayant de débusquer les hommes du Hamas là où ils se trouvent, ceux-ci prenant malheureusement soin de se cacher au sein de la population civile. Une véritable guérilla urbaine à laquelle le mouvement islamiste semble mieux préparé compte tenu de sa connaissance intime du terrain.

Chaque jour qui passe montre l’échec flagrant de l’objectif fixé il y a neuf mois par le chef du gouvernement israélien, qui était d’«annihiler le Hamas», le mouvement n’ayant aucun mal à recruter au sein d’une jeunesse palestinienne déterminée à venger les souffrances subies. Combien de temps le calvaire de l’enclave va-t-il durer ? Des mois, voire une année encore, nous a confié l’expert Michel Goya, sachant que beaucoup dépend aussi du résultat de la présidentielle américaine, le 5 novembre. Les manifestations israéliennes contre le jusqu’au-boutisme aveugle de Benyamin Nétanyahou, alors que 116 otages israéliens restent prisonniers du Hamas, sont chaque semaine plus importantes. D’autant que les colons profitent de l’attention portée à Gaza pour voler toujours plus de terres en Cisjordanie. L’espoir de voir les uns et les autres revenir à la raison n’a donc jamais été aussi ténu. Il subsiste néanmoins. Nous avons rencontré à la Knesset le député Ayman Odeh, un Israélien palestinien décidé à tout tenter, à l’intérieur comme à l’extérieur d’Israël, pour convaincre les uns et les autres de mettre un terme au bain de sang. Beaucoup ont déjà essayé. Un jour, quelqu’un y parviendra.