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Libération
L'édito de Dov Alfon

A Gaza, l’étau de Rafah

La ville de l’enclave, où sont réfugiés plus d’un million de Palestiniens qui n’ont plus d’endroit où fuir, est menacée d’une invasion par l’armée israélienne. Benyamin Nétanyahou persiste dans sa rhétorique guerrière après la libération spectaculaire de deux otages lundi.
Vue aérienne des camps de tentes des Palestiniens déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, près de la frontière égyptienne, le 31 décembre. (Mahmud Hams/AFP)
publié le 12 février 2024 à 21h22

Divisée entre la bande de Gaza et l’Egypte, point frontière devenue un gigantesque campement humanitaire où se sont réfugiés 1,4 million de Gazaouis en fuite, la ville de Rafah, dernière forteresse du Hamas, est maintenant menacée d’invasion militaire israélienne par Benyamin Nétanyahou, dont la rhétorique guerrière monte au même rythme que descend sa courbe dans les sondages politiques en Israël. Rien n’y fait, même l’opération commando spectaculaire qui a libéré deux otages argentino-israéliens, Fernando Simon Marman, 60 ans, et Luis Har, 70 ans, kidnappés le 7 octobre au kibboutz Nir Yitzhak. Plus de 130 otages israéliens sont toujours prisonniers du Hamas et d’autres mouvements armés palestiniens, probablement beaucoup d’entre eux à Rafah. Mais l’armée israélienne doute de ses capacités à les libérer tous par la force, et doute encore plus, selon la presse israélienne, du bien-fondé d’envahir Rafah alors que les combats dans Khan Younès se poursuivent.

Suite aux formules martiales que martèle pourtant le Premier ministre israélien, des milliers d’évacués palestiniens, tout juste arrivés à Rafah, fuient à nouveau. Vers où ? Au sud, la frontière égyptienne reste verrouillée ; à l’est, les forces de Tsahal pilonnent ; à l’ouest, ne scintille que la Méditerranée. Il ne reste que le nord où les attendent les ruines de Gaza City, à 40 km d’un parcours périlleux. Partout, rôdent la famine et les épidémies. Nos journalistes ont pu rencontrer en France l’une des rares familles à s’en être sortie : après plusieurs semaines de survie dans l’enclave bombardée, Reem Abu Shamla, veuve de l’employé du Centre culturel français de Gaza tué par un missile en décembre, a pu être réunie avec ses fils et sa petite-fille en région parisienne. Comme ont pu l’être, avec leurs familles, les deux otages israéliens libérés à 4 000 km de là. Bien peu de soulagement de part et d’autre et toujours teinté de deuil.