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Libération
L'édito de Dov Alfon

A Gaza, Nétanyahou vers sa guerre totale

Dans la nuit de lundi à mardi, Israël a lancé son offensive terrestre dans ­la ville de Gaza, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes et forçant la population à fuir à nouveau. Au même moment, le rapport d’une commission de l’ONU dénonçait un «génocide» en cours.

A Gaza, le 16 septembre. (Amir Cohen/Reuters)
ParDov Alfon
Directeur de la publication et de la rédaction
Publié le 16/09/2025 à 21h19

En annonçant ce mardi 16 septembre une énième «phase décisive» de sa guerre à Gaza, baptisée hâtivement «la phase terrestre de l’opération Chariots de Gédéon II», Benyamin Nétanyahou a précipité son pays un peu plus loin dans un isolement total du monde civilisé. L’opération terrestre annoncée et l’intensification des bombardements, y compris une frappe particulièrement meurtrière dans la nuit de lundi à mardi, aggravent la catastrophe humanitaire à Gaza, alors que la guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et qu’une commission d’experts mandatés par l’ONU a conclu ce mardi qu’un «génocide» était en cours.

Le chef de l’état-major israélien nommé par Nétanyahou avait averti la veille la population israélienne que cette «décision politique» n’avait aucun but militaire et ne pourrait avancer en rien les objectifs officiels de la guerre, démanteler la force militaire du Hamas et récupérer les otages. Si les images satellites ne témoignaient mardi soir que d’un encerclement statique de la ville par les tanks israéliens, des centaines de milliers de Palestiniens n’ont pas attendu pour prendre ces menaces au sérieux, prenant mardi la route de l’exode de la ville de Gaza vers le sud.

Moins d’une semaine après le massacre du 7 Octobre, Benyamin Nétanyahou avait promis «une guerre qui changerait le Moyen-Orient». Presque deux ans plus tard, le Premier ministre israélien semble sur le point de tenir parole, appelant lundi ses citoyens à faire de l’Etat une «super Sparte» pour tenir bon face aux pressions internationales qui montent de toute part. Bombardant le Qatar puis le Yémen, menaçant presque ouvertement l’Egypte, rompant avec tous ses alliés, Nétanyahou s’acharne sur Gaza que personne, dans le monde arabe ou à la Maison Blanche, ne semble vouloir sauver. Si Donald Trump continue de le soutenir, les Israéliens feraient bien de se rappeler que Sparte n’existe plus, entraînée vers sa perte par son propre aveuglement meurtrier.