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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

A Gaza, une des pires campagnes de bombardement du XXIe siècle

Gaza, l'engrenagedossier
Rarement depuis le début de ce siècle un territoire n’a subi tel déluge de bombes que Gaza depuis octobre. L’objectif de Tsahal, anéantir le Hamas, est soutenu par des moyens techniques colossaux, qui soumettent la population civile de l’enclave côtière à un véritable cauchemar.
A Gaza le 4 décembre. (John Mcdougall/AFP)
publié le 5 décembre 2023 à 21h13

On ne pensait pas voir Gaza ressembler un jour à des villes emblématiques comme Alep en Syrie ou Marioupol en Ukraine après destruction par pilonnage massif. Et pourtant, la campagne de bombardement lancée par l’armée israélienne sur Gaza, par son intensité, n’est pas loin d’être la pire du XXIe siècle selon de nombreux experts. Il est difficile d’imaginer, quand on ne connaît pas Gaza, un des territoires les plus denses de la planète (environ 6 000 habitants au kilomètre carré), ce que subit ces temps-ci la population palestinienne à qui l’armée israélienne a conseillé de fuir vers le sud avant de frapper le sud à son tour, laissant aux habitants le seul choix de se rabattre vers la mer. Un cauchemar nuit et jour dans le bruit permanent des armes, le froid, les privations et le manque de soins. Comment en est-on arrivé là ? Les dirigeants israéliens sont engagés dans une véritable fuite en avant, obsédés par leur principal but de guerre : éradiquer les dirigeants et cadres du Hamas qui, en effet, se cachent au milieu de la population civile.

Peu leur importent les «dommages collatéraux», ainsi que les militaires appellent les civils tués, l’essentiel est d’éliminer la menace. Mais pour dix hommes du Hamas supprimés, combien de vocations suscitées parmi ces enfants et ces ados abandonnés du monde entier ? Car la réalité est là, d’une tristesse à pleurer : la communauté internationale est impuissante à stopper cette tragédie qui répond à une autre tragédie, les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre. Les militaires israéliens ont non seulement les mains libres mais ils s’aident aussi de l’intelligence artificielle (IA) : celle-ci leur a permis d’identifier en seulement six jours quelque 6 000 cibles, un chiffre colossal. Ils sont les premiers au monde à le revendiquer haut et fort. Il devient urgent que le président des Etats-Unis, le seul qui dispose d’un vrai moyen de pression financier et militaire sur Israël, fixe des limites à ne pas dépasser dans ce conflit qui n’a déjà fait que trop de victimes innocentes.