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Libération
L'édito d'Hamdam Mostafavi

A l’Assemblée générale de l’ONU, Donald Trump emmerde le monde

Dans un discours décousu de près d’une heure, le président américain s’en est pris sans vergogne à ses alliés historiques. Avec une désinvolture qui continue de sidérer.

Donald Trump à la tribune de l'ONU, le 23 septembre à New York. (Angelina Katsanis/AP)
ParHamdam Mostafavi
Directrice adjointe de la rédaction
Publié le 23/09/2025 à 21h08

Pourquoi entendre Donald Trump déverser sa logorrhée nous plonge-t-il encore dans un état de sidération ? A la tribune de l’ONU ce 23 septembre, il a tancé l’assistance avec sa haine habituelle, abattant sans vergogne une à une toutes les notions qui ont bâti l’ordre mondial, et ont été considérées jusqu’ici comme des progrès de l’humanité – le droit d’asile, la lutte contre le dérèglement climatique, le multilatéralisme… Quand on est Donald Trump, on ose tout, donc. Le président américain a embarqué pendant cinquante-cinq minutes toute l’assemblée à bord d’un escalator lancé à toute allure vers une nouvelle réalité, celle dont il réécrit les règles depuis le début de sa présidence, il y a à peine neuf mois. Il fallait l’entendre pour le croire et le monde entier était tout ouïe. Si certains en doutaient encore, il établit clairement que sa charge antimigrants et anticlimat ne se limitera pas aux frontières de l’Amérique, mais qu’elle est au centre de sa vision géopolitique. Qui d’autre que Donald Trump pour se vanter à la tribune de l’attaque – contraire à la charte des Nations unies – d’un pays souverain ? Qui d’autre que lui pour affirmer que les Nations unies financent l’immigration illégale ? Qui d’autre enfin pour s’en prendre à ses alliés historiques, les Européens, devant tout le reste de la planète ?

La grand-messe onusienne reste un exercice imposé qui n’a pas peut-être pas d’impact effectif sur la marche du monde, mais on n’a pas manqué de relever la veille, lors du discours d’Emmanuel Macron reconnaissant l’Etat palestinien, la force des symboles et des paroles prononcées en ces lieux. Trump a dynamité depuis longtemps l’ordre mondial, mais il y a toujours quelque chose de fascinant à le voir œuvrer avec tant de désinvolture, dans un discours décousu, comme un crachat géant. Face à lui, le silence et la sidération, car tous ceux qui l’écoutent, dans la salle et au-delà, savent que lorsque la loi du plus fort est érigée en principe, il y aura principalement des perdants. Quand il promet «l’enfer» aux pays européens, il se mue en Cerbère goguenard et revanchard. Avec ou sans prompteur, il a ouvert en grand les portes d’un nouvel ordre mondial, il faut l’avouer, terrorisant.