La décision est inédite. Le camouflet est total. Le tribunal administratif de Toulouse a rendu ce jeudi son «verdict» sur le fameux projet autoroutier de 53 kilomètres devant relier Toulouse à Castres, et il est clair et net : il annule l’autorisation préfectorale donnée en 2023 d’entamer les travaux. Autrement dit : les bulldozers vont devoir rentrer au garage et les travaux de l’A69, c’est le nom de ce tronçon, s’interrompre.
Le tribunal administratif (TA) a donné raison aux associations écologistes qui contestent le bien-fondé de cet équipement. Et les mots sont durs. Pour les juges du TA, aucune «raison impérative d’intérêt public majeur» ne justifie la dérogation accordée, comme c’est parfois le cas quand des atteintes à l’environnement sont avérées. Le droit à l’environnement a donc primé sur le reste.
Un fiasco qui n’a que trop duré
Cela reste évidemment en travers de la gorge de ceux qui défendent le projet depuis des années et des années, à savoir la puissance économique influente du coin – les laboratoires Pierre Fabre – les majorités politiques locales et l’Etat. Ce dernier a annoncé immédiatement faire appel de la décision du TA. Est-ce bien raisonnable ? Ne serait-il pas plus judicieux pour le pouvoir de mettre un terme à ce fiasco qui n’a que trop duré ? Le dossier rappelle évidemment celui de l’aéroport de Nantes. Emmanuel Macron avait eu le courage d’annuler le projet, avant que les travaux ne démarrent. Le fait qu’ils soient très engagés pour l’A69 ne peut suffire à contourner le droit.
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Et au-delà du droit, n’est-il pas temps pour des élus, notamment de gauche, de relativiser l’importance de gagner quelques minutes de transport, pour favoriser des retombées économiques loin d’être évidentes ? N’est-il pas temps de privilégier la modernisation des infrastructures existantes, plutôt que d’artificialiser toujours et toujours plus de sols ? N’est-il tout simplement pas temps de reconnaître que ce projet d’autoroute est anachronique ? Il souffre en tout cas de trop de failles pour être défendu bec et ongles.