Ce moment sera-t-il vu dans les livres d’histoire comme le début de la fin de la guerre qui a endeuillé le Proche-Orient depuis le 7 Octobre et plus largement de tout le conflit israélo-palestinien ? Avant le sommet de la paix qui se réunit ce lundi en Egypte, il faut bien concéder que l’art du deal trumpien, qui consiste à exercer une pression maximum pour obtenir un accord coûte que coûte, a permis de sceller ce qui constitue une lueur d’espoir après tant de vies perdues. Certes, les belligérants – Hamas comme Israël – se trouvaient chacun dans une impasse, et il suffisait d’un coup de pression supplémentaire de celui qui édicte la loi du plus fort, les Américains, pour en sortir. Sans doute est-il difficile de déterminer ce qui en revient vraiment au mérite de l’aspirant au Nobel de la paix qu’est Donald Trump. Reste que, alors que la récompense lui échappait vendredi au profit de l’opposante vénézuélienne Maria Corina Machado, Trump opposait au jury norvégien, à la veille de la remise du prix, un acte de paix bien réel, mais que l’on ne pourra juger que dans le temps long.
Tant de questions restent ouvertes. De l’aveu même du Premier ministre qatari, un des principaux médiateurs du dossier, les pourparlers sur les questions compliquées ont été ajournés pour que l’échange entre otages et prisonniers puisse se faire rapidement. Pour que la paix s’installe, il faudra être au moins deux à la construire. Quels plans précis pour faire émerger Gaza des ruines ? Quid du leadership palestinien ? Comment le désarmement du Hamas peut-il concrètement se faire et est-il seulement réaliste ? Quid de l’avenir politique de Nétanyahou une fois que les otages seront libérés ? Quelle garantie que ses successeurs seront prêts à des concessions ? Alors que Trump se réjouit d’une paix éternelle, on en vient à se demander s’il mesure à quel point la tâche sera ardue et pèsera encore sur sa présidence. Une fois que les caméras auront détourné leur regard et que le plus dur sera à faire, Trump sera-t-il toujours là ? Aujourd’hui, tout est à (re)construire. Mais on ne peut que reconnaître au président américain d’avoir mis la première pierre à l’édifice.