Saluons d’abord la victoire diplomatique. Faire approuver à l’unanimité des pays réunis pour la COP 28, au cœur de cette région pétrolière et gazière qu’est le Golfe persique, un texte comprenant les mots marqués au fer rouge d’«énergies fossiles» est une sacrée prouesse. Et elle est à mettre au crédit de Sultan al-Jaber, le président de ce grand raout mondial, que beaucoup considéraient comme perdu pour la cause environnementale. De fait, l’homme cochait a priori toutes les mauvaises cases pour présider une COP puisqu’il est non seulement ministre de l’Industrie des Emirats arabes unis mais aussi président de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi. Alors, se serait-il tiré une balle dans le pied en acceptant d’inscrire noir sur blanc dans le texte final «une transition hors des énergies fossiles» ? Bien sûr que non, et ce n’est pas pour rien qu’il est qualifié de diplomate hors pair. Son but était d’obtenir l’approbation des deux plus gros producteurs d’hydrocarbures que sont les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, et des pays européens – qui entendent programmer une sortie des énergies fossiles. Il y est parvenu en omettant soigneusement de donner des modalités de sortie précises et contraignantes du pétrole et du gaz. C’est ainsi que la COP 28 se termine sur un compromis à la fois historique et suffisamment ambigu pour que chacun s’y retrouve.
Interview
Elle restera comme la première à avoir pointé la cause du dérèglement climatique et non ses seules conséquences. Mais tout reste à faire, ce n’est donc pas totalement une victoire environnementale, juste un bon début. D’autant que le texte prévoit un triplement des capacités en énergies renouvelables, une très bonne nouvelle si et seulement si celles-ci se substituent peu à peu au pétrole et au gaz. Si les deux types d’énergie s’additionnent, cela ne fera qu’encourager la surconsommation. Allez… encore un effort, on y est presque !