En recevant lundi 29 septembre Benyamin Nétanyahou à la Maison Blanche pour le forcer à accepter un accord de paix en 20 points pour le Moyen-Orient, le président américain Donald Trump avait pris un risque énorme et s’était mis dans une situation de faiblesse. Car seul un des deux leaders, pourtant copains d’avant, avait intérêt à ce que leur rencontre débouche sur un plan concret – et ce n’était pas le Premier ministre israélien.
Et pourtant, on pouvait avoir l’impression lundi soir – «un des jours historiques les plus importants de l’histoire», dixit Trump – que ce plan avait été approuvé et que bien au-delà de Gaza, le président américain avait réussi à imposer aux Israéliens un accord pour la «paix éternelle» entre Israël et la Palestine.
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Mais ce n’est pas pour rien que Nétanyahou est surnommé par ses adversaires politiques «le prestidigitateur». En examinant les détails de l’«accord», envoyé à la presse avant même sa présentation survoltée dans la salle des banquets de la Maison Blanche, on pouvait voir le trou de souris par lequel le Premier ministre israélien pouvait espérer s’échapper de ce cauchemar.
Car tout, absolument tout – le repli de l’armée israélienne, l’entrée de l’ONU, la libération des otages, le retour des Gazaouis, l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie, le retour aux accords d’Abraham, le patronage de Tony Blair – repose sur l’acceptation par le Hamas, qui n’avait pas été officiellement consulté, de se saborder contre une «amnistie» qui serait accordée à ses membres, qui accepteraient de rendre les armes.
Le pari de Nétanyahou est donc que l’organisation terroriste fasse le travail pour lui, rejetant dans les 72 heures fatidiques le plan que, lui-même, est forcé d’accepter. Cette option, rapidement abordée par Trump et longuement développée par Nétanyahou dans leur conférence de presse, devrait, selon l’accord, donner à Israël la permission de détruire le Hamas, «par la force s’il le faut». Autrement dit, retour à l’invasion de Gaza et sa colonisation, cette fois avec l’accord tacite des pays arabes et la bénédiction officielle de l’Amérique.
Interrogé sur la reconnaissance de la Palestine, le 18 septembre, Donald Trump avait marmonné une de ces vérités de bon sens dont son électorat raffole : «Vous savez, cette guerre dure tellement longtemps là-bas… des décennies et des décennies.» On peut espérer se tromper, mais le plan Trump risque de plonger la région dans une guerre de vingt décennies supplémentaires.