Menu
Libération
L'édito d'Hamdam Mostafavi

Accord sur les droits de douane : Trump nous fait basculer dans un monde de survie

En signant l’accord qui fixe à 15% les taxes sur les produits européens, l’UE semble s’être pliée aux règles du président américain. Peut-être pouvait-elle montrer plus de muscles face à un interlocuteur qui ne comprend que la force.
Trump à Washington, le 27 juillet. (Brendan Smialowski/AFP)
publié le 28 juillet 2025 à 20h33

Douloureuse impression de capitulation. Après l’accord conclu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, qui fixe à 15 % les taxes sur la plupart des produits européens, avec quelques exemptions, l’UE semble être maintenant entrée de plain-pied dans le monde selon Trump. Les règles de l’ordre mondial ont tellement changé que le souvenir de ce qu’était le monde avant Trump devient vague. Mais tout de même… Dans ce monde «d’avant», l’Europe avait la prétention de compter dans le monde, en présentant un front uni et en défendant des valeurs de dialogue et de diplomatie. On craignait Poutine et on s’appuyait sur les Etats-Unis. On négociait discrètement sur le Mercosur, parce qu’on s’inquiétait de la concurrence pour nos agriculteurs et des normes environnementales. On affichait des objectifs ambitieux de réduction d’émissions de carbone. C’était avant. Aujourd’hui, Donald Trump nous a fait basculer dans un monde de survie, où seule la loi du plus tonitruant l’emporte.

Dans un concert de réactions dissonantes, entend-on encore la voix de la France ? Les réactions en tout cas de Paris interrogent. Quand le Premier ministre, François Bayrou, regrette «un jour sombre», son ministre de l’Economie, dans un entretien exclusif pour Libération, qualifie certes le deal de «perdant-perdant» mais tempère aussitôt en se demandant ce que l’Europe «pouvait faire de plus». Peut-être pouvait-elle montrer un peu plus de muscles face à un interlocuteur qui ne comprend que la force ? Ursula von der Leyen a assuré qu’il s’agissait du «meilleur accord possible». L’Europe joue le temps long et parie sur des accords alternatifs, avec le Mercosur, l’Asean ou l’Inde. Reste que voir la patronne de l’UE contrainte d’aller à Canossa, qui plus est sur les terres du Brexit, donne surtout l’impression d’être face à un accord de déception massive.