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Libération
L'édito de Paul Quinio

Affaire des assistants parlementaires fictifs du RN: l’avenir politique de Marine Le Pen compte moins que la confiance des citoyens

S’il est légitime de s’interroger sur les conséquences de la décision des juges en vue de la prochaine présidentielle, il ne faut pas oublier la nécessaire exigence de probité qui s’impose à toute candidature.
Marine Le Pen au palais de justice, le 14 octobre 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 30 mars 2025 à 19h30

De quoi parle-t-on ? De l’avenir politique de Marine Le Pen. Il est suspendu au jugement qui sera rendu ce lundi dans l’affaire des assistants parlementaires du FN, devenu RN, au Parlement européen. Le parquet a requis une peine de cinq ans de prison (dont deux ferme), 300 000 euros d’amende et une inéligibilité de cinq ans. Avec, et c’est le plus important, une demande «d’exécution provisoire». Si cette demande était retenue, et même en cas d’appel, elle rendrait impossible la candidature de la patronne du RN à la prochaine présidentielle. Ce serait un coup de tonnerre.

Mais de quoi devrait-on, avant toute chose, parler ? Du passé de Marine Le Pen. De ces années 2004-2016 pendant lesquelles son parti a mis en place une pratique de détournements de fonds publics, «au caractère organisé, optimisé, et systémique» et dont elle était parfaitement informée. Une accusation grave, contestée par Marine Le Pen, qu’il est impératif de rappeler tant le risque existe que les faits disparaissent derrière les commentaires. Il est crucial de revenir au point de départ : cette accusation qui interroge la probité d’une prétendante aux plus hautes fonctions d’une République qui a besoin de retrouver la confiance des citoyens. C’est cette confiance que le législateur, c’est-à-dire les politiques eux-mêmes, a jugée suffisamment abîmé il y a dix ans pour voter la loi sur laquelle va s’appuyer la décision des juges. Cette confiance serait-elle aujourd’hui restaurée ? Non. Il est donc curieux de plaider que pour sauver la démocratie (qui serait menacée si Marine Le Pen ne pouvait se représenter), il faudrait sauver de la disgrâce une élue qui a contribué à la fragiliser.

Par ailleurs, les juges auraient, selon Marine Le Pen, «droit de vie ou de mort sur notre mouvement». L’élue du Nord a doublement tort. Sa phrase laisse d’abord entendre qu’elle serait forcément la meilleure candidate pour l’extrême droite. Est-ce si sûr, alors qu’elle en serait à sa quatrième tentative ? Enfin, il est à craindre que l’histoire de l’extrême droite ne s’arrêtera pas demain, même en cas d’inéligibilité de Marine Le Pen. D’autres se bousculeront pour porter la flamme. Ce qui se joue aussi aujourd’hui, c’est l’avenir d’un clan, d’une famille, d’un nom, pas l’avenir d’un mouvement malheureusement ancré dans le paysage politique.