Comme un ultime acte de militantisme, Jean-Luc Godard est mort en demandant que soit rendue publique sa volonté d’avoir recours au suicide assisté, une pratique autorisée en Suisse. Pour lui, c’était une évidence, une question de dignité. Le hasard a voulu qu’au même moment, en France, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), après un an et demi de réflexion, déclare ne plus s’opposer à une aide médicale à mourir, considérant même celle-ci comme «éthique» dans certaines circonstances.
Ces deux actualités entremêlées montrent que les mentalités sont en train de bouger sur le sujet. Ce qui paraissait impensable il y a quelques années encore commence tout doucement à infuser dans les esprits. Les progrès de la médecine et le vieillissement de la population font que les cas de conscience, en cas de maladie incurable et de souffrance, deviennent de plus en plus fréquents, pour les soignants comme pour les familles. Nous avons tous vécu de près ou de loin la fin de vie insupportable d’un proche et l’envie d’abréger ses souffrances. Et la difficulté parfois d’avoir accès à des structures de soins palliatifs, extrêmement sollicitées. Il y a là une carence qu’il faut régler.
Bien sûr, le sujet est vertigineux. Il est tout à la fois philosophique et intime. Collectif et individuel. Il ne peut se régler d’un simple «oui» ou d’un simple «non». Organiser une convention citoyenne sur la fin de vie est donc une bonne idée. A une condition : qu’elle ne soit pas un énième machin conçu pour repousser la moindre évolution ad vitam æternam. La fin de vie est un sujet trop important pour être utilisé à des fins politiciennes. Nous avons été échaudés par la Convention citoyenne sur le climat que le chef de l’Etat avait mise en place à grand renfort de com et dont les conclusions sont restées − pour beaucoup − lettre morte. Emmanuel Macron a eu le mérite de reconnaître ses erreurs sur la question, nous en prenons acte.