Delon, c’est Dark Vador qui aurait joué le baron de Charlus (dans Un amour de Swann de Volker Schlöndorff, un paradoxe de plus pour celui qui jugeait l’homosexualité «contre nature») ou Chateaubriand lu avec un 357 Magnum planté dans la ceinture du jean, la rencontre risquée d’un trop-plein et d’un vide, un destin saturé de réciprocités cruciales avec quelques cinéastes majeurs, de coups du sort, de triple épaisseur de mystères, de démesure, de passions amoureuses (il demeurera inconsolable à jamais de la mort de Romy Schneider, puis de Mireille Darc) qu’une faille existentielle, une déperdition d’être jamais comblée depuis l’enfance du fils unique abandonné à une nourrice, menace à tout instant de ruiner, transmuant le faste en tas de cendre froide. Delon entre palais en Sicile et cellule à Fresnes, non l’un ou l’autre mais les deux constamment superposés, désirables et mortels comme l’aura été à chaque étape de sa carrière le court-circuit qu’il semblait provoquer entre le fait de gloire et la hantise de la relégation.
Retour en grâce ruiné
«Il n’y a pas de plus grande solitude que celle du samouraï, si ce n’est celle du tigre dans la jungle.» Cette phrase attribuée au code moral des guerriers japonais (le bush