Une marée humaine autour du Reichstag pour le protéger de la peste brune. Ce samedi 3 février, les Allemands se sont mobilisés massivement, une nouvelle fois, pour faire barrage à l’extrême droite. Au total, près de 3 millions d’Allemands sont descendus dans les rues ces dernières semaines. C’est un soulèvement auquel nous assistons dans un pays glacé d’apprendre la tenue d’une réunion secrète entre hauts responsables de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), néonazis et chefs d’entreprise durant laquelle un projet d’expulsion massive de personnes étrangères ou d’origine étrangère a été discuté. Le tout à quelques kilomètres de la villa où s’est tenue la conférence de Wannsee, durant laquelle les nazis ont organisé l’extermination systématique des Juifs, en 1942.
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Ce mouvement dans les rues du pays s’accompagne d’une vague de témoignages sur les réseaux sociaux où les enfants d’immigrés, personnalités comme anonymes, partagent leurs histoires familiales, leur vie en Allemagne où ils ont grandi, étudié, travaillé, fondé à leur tour une famille. Des biographies ordinaires qui seraient pourtant menacées de «remigration» si l’AfD remportait les prochaines élections. La peur d’être indésirable dans son propre pays. Se rendre compte que des millions de vies peuvent basculer, à un an des élections fédérales pour lesquelles le parti xénophobe part favori dans certains Länder. C’est ce qui pousse l’Allemagne à la révolte aujourd’hui après avoir assisté à un long glissement à droite. Jusqu’à voir le chancelier, Olaf Scholz, déclarer en octobre en une du Spiegel : «Nous devons expulser à grande échelle.» Ou le dirigeant du parti conservateur CDU accuser les demandeurs d’asile de priver les Allemands de rendez-vous chez le dentiste. L’extrême droite ne se dédiabolise pas seule… Arrêter d’en être les complices et arracher ses masques doit être un effort quotidien. Dans les journaux, comme l’a fait Correctiv en enquêtant pour révéler cette affaire. Mais pas seulement. A quatre mois des élections européennes, ce qu’il se passe outre-Rhin, nous intime à réagir. Pour ne pas se demander le 9 juin : «Comment en est-on arrivé là ?»