«Je ne veux pas aller plus avant sur le terrain de la vie personnelle et de la vie privée.» C’est ainsi qu’Amélie Oudéa-Castera, fragilisée par les révélations de Libération qui remettent en cause ses explications sur les raisons qui l’avaient poussé à inscrire ses enfants à l’école privée, a tenté mardi matin de clore la polémique. Donnons acte à la ministre de l’Education, de la Jeunesse, des Sports et des JO que toute décision de parents concernant l’éducation de leurs enfants est in fine personnelle et privée, en ce sens qu’elle est prise dans le cadre familial. Actons de même que nous ne sommes plus, s’agissant de la rivalité entre l’école publique et l’école privée, à la grande époque de la guerre scolaire d’avant les années 80. Des milliers de Français font aujourd’hui le yoyo entre les deux très facilement. Parions d’ailleurs que même si Amélie Oudéa-Castera n’est pas une Française lambda, «les attaques» contre son choix de scolariser ses enfants dans le privé auraient pu faire long feu. La polémique, comme pour d’autres ministres avant elle, aurait pu durer vingt-quatre heures et basta. Si elle dure, c’est parce qu’Amélie Oudéa-Castera elle-même, lorsqu’elle s’est expliquée vendredi sur la raison de son choix, a avancé un argument – les heures d’absence d’enseignants non remplacées – éminemment politique.
Voilà des années que ce sujet sensible fait l’objet de débats, eux-mêmes arbitrés par des décisions politiques et budgétaires. La manœuvre de la ministre pour éteindre l’incendie n’a donc pas fonctionné : les syndicats enseignants majoritaires, qu’elle recevait dans l’après-midi pour une première prise de contact depuis sa nomination rue de Grenelle, ont claqué rapidement la porte. Ils n’ont manifestement rien vu de «personnel» dans l’argumentation de la ministre, mais un reproche injuste, ne s’estimant pas comptables des décisions politiques prises sur la gestion des remplacements. Par ailleurs, parler «d’attaques personnelles» après que Libération a publié le témoignage de l’instit de son fils mettant en doute ses explications est un peu fort de café. La question est en réalité toute simple, et politique : la ministre a-t-elle raconté des bobards ? A priori oui, puisqu’un seul de ses enfants a été scolarisé dans le public, six mois seulement, et en petite section de maternelle, dans un établissement où les heures non remplacées n’étaient manifestement pas un problème. Qu’est-ce que ce mensonge cache ? Peut-être une difficulté à assumer, comme nouvelle ministre de l’Education, une préférence pour l’école privée finalement… très politique.