Menu
Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Après la mort de Nasrallah, le Liban à feu et à sang

L’assassinat du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, permet à Benyamin Nétanyahou de restaurer son image en Israël mais fait plonger le Liban et la région dans un inconnu inquiétant.
Un portrait du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah au milieu des destructions dans une zone ciblée par des frappes aériennes israéliennes à Saksakiyeh, le 26 septembre. (Mahmoud Zayyat/AFP)
publié le 29 septembre 2024 à 20h51

La décapitation du Hezbollah par les forces israéliennes est une incontestable victoire tactique de l’Etat hébreu. A part l’Iran et les membres ou sympathisants de la milice chiite libanaise, personne ne pleurera Hassan Nasrallah, un fanatique responsable de nombre d’attentats meurtriers et aussi, en partie, de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Liban. Sa disparition, ainsi que l’affaiblissement de son mouvement, réjouit d’ailleurs nombre de pays arabes même s’ils n’oseront jamais le dire publiquement. Mais cette victoire d’un jour, d’une semaine ou d’un mois, qui permet à Benyamin Nétanyahou de restaurer son image en Israël alors que le pays s’apprête à commémorer l’attaque terroriste perpétrée par le Hamas le 7 octobre, peut aussi se transformer en véritable catastrophe stratégique. D’abord parce que le Liban est une fois de plus à feu et à sang avec des dizaines voire des centaines de milliers de déplacés et la peur d’une nouvelle guerre civile. Ensuite, le Hezbollah – littéralement «parti de Dieu» – est une idéologie, nourrie notamment par l’Iran, il peut donc être affaibli mais pas supprimé d’un claquement de doigts ou de bombe, et on peut craindre – comme pour le Hamas – que d’autres hommes prennent le relais, d’autant plus fanatisés que les coups portés contre eux auront été dévastateurs.

Hassan Nasrallah aurait ainsi été remplacé en vingt-quatre heures par son cousin, Hachem Safieddine. Depuis le temps, on sait que la violence ne fait qu’attiser la violence. Enfin l’administration Biden apparait fragilisée, elle qui a été prévenue de l’attaque contre Nasrallah quelques minutes seulement avant l’opération alors qu’elle travaillait sur un cessez-le-feu, un beau cadeau fait par Nétanyahou à son ami Trump qui pourra plastronner en affirmant que seule la force est efficace contre l’ennemi. L’Iran menaçant Israël de représailles, les Etats-Unis ont décidé de renforcer leur présence militaire dans la région tandis que Tsahal masse des chars à sa frontière avec le Liban. Comment imaginer un instant que ce scénario puisse mener à la paix ?