Trois jours après. Trois ans après. Arras. Conflans-Saint-Honorine. Dominique Bernard assassiné par un terroriste islamiste. Samuel Paty, décapité par un autre fanatique islamiste. Comme il y a trois ans après le choc suscité par la mort du professeur d’histoire géographie des Yvelines, la République rendra aujourd’hui hommage au professeur de lettres modernes du Pas-de-Calais. Comme il y a trois ans, les cours de récré ou salles de classes se figeront le temps d’un hommage, et les longs couloirs si bruyants au moment des interclasses résonneront sans doute un peu moins fort que d’habitude. Ces hommages sont nécessaires. Et importants. Ils seront un message envoyé aux semeurs de morts fanatisés, un symbole de fraternité face à la haine et la barbarie, un bouclier démocratique à opposer aux coups de boutoirs de l’obscurantisme islamiste. Les silences et recueillements seront aussi un message de réconfort à une communauté enseignante terriblement meurtrie et normalement inquiète. Comme après chaque drame qui touche cette communauté, la France depuis vendredi se souvient que son pacte national a mis l’école au centre de tout. Rendre hommage à Dominique Bernard, se souvenir de Samuel Paty, c’est honorer cette matrice laïque et républicaine. Il est donc vital que ces temps de silence, ces marques de respect existent.
Reportage
Mais si l’heure est à la concorde et certainement pas aux polémiques partisanes, on peut aussi regretter que depuis trop d’années, ce cœur battant de la République qu’est l’école et ses enseignants sont malmenés. Trop de décisions étriquement budgétaires, trop de réformes mal ficelées, trop de recrutements express, trop de revirements académiques, trop de décisions plus administratives que pédagogiques, trop de remises en cause politiques ont contribué à abaisser le niveau de respect que la République a longtemps accordé à ses profs. A bas bruit, la fonction d’enseigner a été ramenée à un métier comme un autre. Il ne l’est pas. S’en souvenir aujourd’hui est un impératif indiscutable. S’en rappeler demain sera aussi nécessaire.