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Libération
L'édito de Dov Alfon

ArcelorMittal : la nouvelle bataille de l’acier

L’annonce de la suppression de plus de 600 postes en France par le géant de la sidérurgie mobilise la gauche, qui demande à l’exécutif une mise «sous tutelle». Après les fausses promesses, il faut désormais apporter une réponse à la hauteur des attentes d’ouvriers d’ArcelorMittal.
Dans le cortège du 1er Mai, à Dunkerque (Nord). (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
publié le 2 mai 2025 à 20h11

Nombre de fausses promesses sont restées dans l’histoire sociale de la France – comme celles faites à Besançon devant les ouvriers de Lip, à Ris-Orangis pour ceux de Lu-Danone ou à Poissy face aux grévistes de Talbot. Au cœur de la vallée lorraine où bien des noms se terminent en «ange», les salariés d’ArcelorMittal en ont connu plusieurs. D’abord en février 2008, quand Nicolas Sarkozy s’engageait pour le maintien du site de Gandrange «avec ou sans Mittal», puis en 2012 avec les promesses non tenues du candidat François Hollande devant les ouvriers du site de Florange.

Nous y revoilà, cette fois sur le site ArcelorMittal hautement symbolique de Dunkerque, ville phare de la réindustrialisation déclarée par Emmanuel Macron. Car l’acier continue de susciter des réactions politiques impétueuses, cochant bien des cases du moment – souveraineté, emploi, défense nationale. En travers de cet effort national, on retrouve Lakshmi Mittal, actionnaire principal et surendetté du plus grand géant de l’acier hors Chine, qui menace maintenant de fermer toutes les usines qui portent son nom en Europe si les gouvernements n’interviennent pas pour éviter la chute vertigineuse des prix de l’acier, principalement due à la surproduction chinoise. Curieusement, le même Mittal demandait à la même Europe de ne pas intervenir quand il distribuait à ses actionnaires, et donc à lui-même, plus de 30 milliards de dividendes annuels, ou quand il misait tout – catastrophiquement – sur la baisse de l’offre et la montée de la demande dans les pays émergents.

Au milieu de cette histoire somme toute classique du capitalisme, se trouvent les 62 000 salariés qu’emploie Mittal sur le Vieux Continent, dont plus de 600 postes directement menacés en France. Nous avons rencontré ces ouvriers alors que le PS compte déposer une proposition de loi de mise «sous tutelle» du site d’ArcelorMittal à Dunkerque. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, estimait ce jeudi que «la nationalisation d’ArcelorMittal aujourd’hui, ce n’est pas la bonne réponse». Ça tombe bien, il en faut une excellente.