Menu
Libération
L'édito de Lauren Provost

Arrêter de prendre l’avion : un problème de riche mais un problème quand même

Pour celles et ceux qui ont les moyens de fréquenter les aéroports, se pose avec toujours plus d’acuité la question de l’impact sur le réchauffement climatique de ce mode de déplacement. L’occasion de repenser le rapport aux voyages et d’examiner les alternatives.
L’aviation est responsable d’environ 2,4 % des émissions totales de CO2 chaque année. (Henri Tabarant/Only France. AFP)
publié le 7 mai 2024 à 20h28

Combien de fois avez-vous pris l’avion dans votre vie ? Pour près de 90 % de la population mondiale, la réponse à cette question est «zéro». On estime d’ailleurs que seule 1 % de la population émet 50 % des émissions de l’aviation commerciale. Interroger son rapport au transport aérien est donc, clairement, «un problème de riche». Et plus encore : «un problème de riche écolo». Il n’y a qu’à regarder les vols en jet privé pour comprendre que tout le monde ne se sent pas concerné par la question. Mais elle n’en est pas moins importante.

Nous savons aujourd’hui que l’aviation a un impact significatif sur le changement climatique en raison de ses émissions de CO2, ainsi que des émissions non-CO2, comme la vapeur d’eau ou la suie, indiquent les rapports du Giec. On estime que l’aviation est responsable d’environ 2,4 % des émissions totales de CO2 chaque année. En ajoutant les effets non-CO2 c’est plutôt 5 %. A l’échelle individuelle, il suffit d’un vol long-courrier pour faire exploser votre empreinte carbone. Un Paris-New York et c’est fini, vous avez atteint les 2 tonnes d’émissions annuelles que devraient respecter les Français pour limiter le réchauffement climatique.

Et puis derrière les chiffres, il y a les situations humaines : ceux qui ne peuvent pas prendre le train pour aller voir leur famille, ceux qui volent pour le travail, les adeptes du week-end low-cost qui veulent voyager comme avant le Covid, les amateurs de destinations lointaines qui s’arrangent avec leur conscience écologique, ceux qui pensent aux générations futures et se demandent si nos enfants pourront encore découvrir le lointain…

Derrière les dilemmes individuels, il y a de vrais enjeux pour l’avenir : développer et rendre accessibles des transports plus sûrs pour l’environnement, repenser le voyage et notre rapport à ce dernier, étudier les solutions technologiques nécessaires, penser à la reconversion des travailleurs de ce secteur, mais surtout maîtriser et réduire ce trafic aérien qui a retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Il y a là matière à réflexion. De quoi, au moins, occuper nos pensées le temps d’un long voyage en train.