C’est un village presque sans histoire, comme il y en a tant en France. La Grand-Combe, près d’Alès, 5000 habitants, une église au milieu du village, et une mosquée aussi. Loin des instrumentalisations politiques et des agitateurs de haine, chacun y pratique sa religion, dans une liberté de culte garantie dans notre pays laïque. Celle qui permet à chacun de croire et de pratiquer sans crainte. Ou devrait permettre. On connaît la hausse terrifiante des actes antisémites en France depuis le 7 octobre 2023. On sait aussi que les actes antimusulmans, même si dans des proportions moins déclarées, illustrent la même tendance inquiétante. Celle qui fait du citoyen une cible par le simple fait de sa religion. D’après les données transmises à Libération par le ministère de l’Intérieur, un total de 173 faits antimusulmans avait été recensé en 2024, et il était de 242 en 2023. Pour 2025, le ministère de l’Intérieur a indiqué que les chiffres du premier trimestre 2025 ne sont «pas encore consolidés».
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Au-delà du nombre, chaque cas mérite qu’on s’y attarde. Celui-ci sans doute plus, même si l’enquête en dira plus sur les mobiles du meurtrier, dont on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’il est se prénomme Olivier, né à Lyon en 2004, de nationalité française, issu d’une famille bosnienne, dont une partie réside dans le Gard. «La piste d’un acte antimusulman est privilégiée mais n’est pas la seule», a expliqué le procureur de la République Abdelkrim Grini. Reste qu’Aboubabakr, jeune Malien d’une vingtaine d’années, a été tué dans un lieu qu’il pensait sûr, dans un pays qu’il pensait sûr, où il pouvait pratiquer sa religion librement. La violence de cet assassinat marquera les esprits, créant un sentiment de peur légitime auprès de la communauté musulmane de France. Qu’il faudra garder à l’esprit comme un rappel qu’en France, en 2025, de plus en plus de citoyens vont prier la peur au ventre.