Menu
Libération
L'édito de Dov Alfon

Assassinat de Charlie Kirk : l’ère de la violence politique

Après la mort de l’influenceur d’extrême droite, Trump s’est déchaîné contre la gauche. Un climat qui illustre le démantèlement de l’Etat de droit américain.

Donald Trump à Washington, le 1er août. (Jim Watson /AFP)
ParDov Alfon
Directeur de la publication et de la rédaction
Publié le 12/09/2025 à 21h01

L’assassinat de Charlie Kirk, un influenceur proche de Donald Trump et adulé par les jeunes du Parti républicain, a poussé un peu plus l’Amérique vers une nouvelle forme de guerre civile, où la violence médiatique engendre fatalement la violence politique.

Le suspect de 22 ans ne ressemble en rien au profil fantasmé par les supporters MAGA – il n’est pas noir, n’est pas transexuel, n’est pas étranger et n’est pas un activiste de gauche. Qu’importe : les faits doivent s’adapter à un récit déjà établi et doivent servir une vérité martelée de longue date.

La séquence la plus saisissante de la vidéo du meurtre n’est pas l’instant où la balle traverse la gorge de Kirk au milieu d’une réponse devant la foule, mais celui d’après : les dizaines de spectateurs essaient de s’enfuir ou de se cacher, dans une démonstration visuelle d’une peur diffuse immédiate. Au lieu d’essayer de rassurer son peuple, Trump a immédiatement promis des mesures rapides contre «la gauche radicale» et les «organisations» qui financent et encouragent ses crimes.

En réalité, les «organisations» qui font savamment la promotion de la violence politique qui se déchaîne aujourd’hui sont les principaux donateurs de Trump lui-même – Elon Musk, Mark Zuckerberg et autres actionnaires des réseaux sociaux. Et la seule «organisation» qui pourrait la combattre est la démocratie américaine, et en particulier l’institution qui pourrait valider ou stopper sa bascule vers l’autoritarisme – le pouvoir judiciaire.

C’est bien pourquoi la Maison Blanche s’acharne contre les magistrats, et en particulier ceux guidés par le droit et leur conscience. Dans un entretien croisé extraordinaire, Libération a rencontré deux de ces ex-juges, limogés car trop indépendants. Ils témoignent du démantèlement de l’Etat de droit américain et de la validation de cette dérive autoritaire de l’exécutif. Plus de 135 recours juridiques contre les actions de Donald Trump sont en cours devant les tribunaux, dernier rempart avant la bascule dans une guerre civile qui se rapproche de jour en jour, d’assassinat en assassinat.