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Libération
L'édito de Dov Alfon

Attaque du Hamas en Israël : l’échec tactique de Benyamin Nétanyahou

Attaques terroristes du 7 octobredossier
S’étant appuyé sur le mouvement islamiste à Gaza pour affaiblir l’Autorité palestinienne et ayant concentré les troupes en Cisjordanie pour conforter ses alliés d’extrême droite, le Premier ministre israélien porte une lourde part de responsabilités dans ce désastre.
Evacuation d'une famille à Ashkelon, en Israël, le 7 octobre. (Tsafrir Abayov/AP)
publié le 8 octobre 2023 à 21h43

Il y aura un avant et un après cette journée du 7 octobre 2023 dans l’histoire d’Israël, mais aussi dans l’histoire de la diplomatie mondiale. L’attaque sidérante du mouvement terroriste Hamas sur le sud d’Israël, menée par des centaines de militants d’abord sur des bases militaires israéliennes au nord de la bande de Gaza, puis très rapidement sur des communes avoisinantes où des centaines de civils ont été assassinés, se distingue tout autant par son mode opératoire que par la cruauté extrême de son exécution. Elle intervient au lendemain du 50e anniversaire de la guerre du Kippour, l’attaque coordonnée des armées arabes qui a laissé entrevoir dans ses premiers jours la fin possible de l’Etat hébreu.

C’est une date qui résonne tout autant en Israël qu’à Gaza, où le Hamas nie tout lien juif avec la Terre sainte et considère Israël comme un avant-poste colonial au cœur du monde islamique, qui doit être détruit. Ce discours s’aligne sur une haine bouillonnante d’Israël, alimentée par le fait qu’environ les trois quarts de la population de la bande de Gaza sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés qui ont perdu leur maison dans ce qui est devenu Israël en 1948. C’est là, dans cette bande côtière surpeuplée, assiégée et appauvrie, qu’ont été amenés de force samedi au moins 100 otages israéliens, enfants terrifiés, jeunes femmes violentées et vieillards en chaise roulante, figurant depuis dans des vidéos abjectes, partie intégrale du dispositif de la terreur. Benyamin Nétanyahou porte une lourde part de responsabilité dans cet échec stupéfiant de son pays à protéger ses citoyens : son alliance tactique avec le Hamas, visant à affaiblir tout légitime représentant de la cause palestinienne, l’a poussé à vider la frontière du sud de ses effectifs militaires pour les concentrer en Cisjordanie, conformément aux demandes messianiques de ses alliés d’extrême droite. Il en paiera probablement le prix politique ; mais c’est bien peu de chose comparé à la souffrance infligée à son peuple.