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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Attaque terroriste à La Nouvelle-Orléans : l’horreur et les questions

Alors que le dernier bilan du drame qui a vu un homme foncer sur la foule avec son pick-up fait état de dix morts et 35 blessés, les premières interrogations surgissent concernant les motivations du tueur et le bon fonctionnement du dispositif censé sécuriser les rues.
Une capture d'écran X (ex-Twitter) du véhicule ayant servi à l'attaque, quelques heures après le drame. (DR)
publié le 1er janvier 2025 à 21h18

C’est ce que les grandes villes du monde entier redoutaient depuis quelques semaines : une attaque terroriste sur un marché de Noël ou lors des fêtes de la Saint-Sylvestre, qui déplacent tous les ans des foules compactes difficiles à surveiller. Après qu’un Saoudien de 50 ans au profil psychiatrique instable a foncé le 20 décembre à bord de sa BMW sur un marché de Noël en Allemagne, tuant cinq passants et en blessant plus de 200, c’est un Américain de 42 ans, Shamsud-Din Jabbar qui, aux Etats-Unis, a précipité son pick-up sur les touristes et habitants de La Nouvelle-Orléans qui achevaient de fêter le passage à la nouvelle année. Il était déterminé à tuer un maximum de personnes puisque, après être sorti en trombe de son véhicule, il a tiré sur les policiers avant d’être abattu et l’on a vite appris qu’un drapeau de Daech se trouvait dans son véhicule.

La période est particulière aux Etats-Unis : elle se situe dans cet entre-deux souvent périlleux qui sépare l’élection du nouveau président, début novembre, de son entrée en fonction fin janvier. Les commandes restent entre les mains de celui qui achève son mandat, en l’occurrence Joe Biden qui, en réalité, prépare son départ. Le président élu est censé attendre d’entrer à la Maison Blanche pour occuper l’espace mais on n’imagine pas Donald Trump s’y résoudre. A peine Biden avait-il qualifié cette attaque d’«horrible» que son successeur s’en prenait à «l’immigration illégale», son grand cheval de bataille pendant la campagne électorale. Hypothèse gratuite et erronée puisque le tueur est né au Texas. De nombreuses questions restent posées. D’abord, pourquoi les plots de sécurité installés depuis l’attaque au camion de Nice, en 2016, n’avaient-ils pas été actionnés pour sécuriser ce lieu très passant ? Et surtout Shamsud-Din Jabbar s’est-il radicalisé seul ou a-t-il des complices ? Quelles que soient les réponses, cet attentat montre que la menace terroriste n’a pas disparu et qu’il suffit aujourd’hui encore d’un simple véhicule pour tuer.