Il est revenu, et c’est comme s’il ne nous avait jamais quittés : le gendarme du monde est réapparu, tout en majuscules, sifflant la fin de la récré, menaçant d’arrêter tous les retardataires, signez-moi ça ou je vous fous en taule, allez, circulez. Il a bien changé depuis Henry Kissinger ou John Kerry, mais il est là, forçant un cessez-le-feu immédiat.
En annonçant mardi matin la fin immédiate de «la guerre de douze jours» entre Israël et l’Iran, Donald Trump a réalisé «quelque chose qu’AUCUN président américain n’avait réussi à faire depuis des décennies», selon les mots du secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte. Cela comprend l’arrêt – même temporaire et fragile – d’un affrontement qui avait déjà fait beaucoup trop de victimes civiles et qu’aucun des protagonistes ne savait comment terminer ; et cela comprend le «branding» de cet affrontement en termes historiques, reflet de la guerre des Six Jours qui avait changé à jamais la carte du Moyen-Orient.
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Pour que cet accord – flou, non signé, non validé par quelque entité juridique ou politique que ce soit – puisse tenir, il faut que les deux parties puissent le présenter comme une victoire. Est-ce possible ? Côté israélien, Benyamin Nétanyahou peut se targuer d’avoir a minima retardé la militarisation du nucléaire iranien. Sans certitude que les mollahs ne recommencent pas leur entreprise hasardeuse, avec d’autant plus de détermination que cette guerre leur a montré la nécessité vitale de la dissuasion pour maintenir leur régime.
Côté iranien, l’honneur peut-il apparaître sauf ? Alors que le guide suprême Ali Khamenei se tait toujours, c’est au président Massoud Pezeshkian qu’est revenu de déclarer que l’Iran était prêt à revenir à la table des négociations. Le régime sait qu’il a eu chaud, et qu’il ne doit sa survie qu’à l’impréparation américaine sur un potentiel changement de régime. Mais le savoir engrangé en matière nucléaire et le ressentiment accumulé à Téhéran ne laissent malheureusement pas penser que le Moyen-Orient d’aujourd’hui sera longtemps plus sûr qu’il y a douze jours.