Vladimir Poutine n’en espérait sans doute pas tant. Avec la démission de Mario Draghi de la tête du gouvernement italien, c’est non seulement un vrai soutien de l’Ukraine qui s’efface, la péninsule qui plonge à nouveau dans le chaos, et surtout l’Europe tout entière qui tangue. Et quand l’Europe tangue, le président russe se frotte les mains, c’est un de ses principaux objectifs.
Contexte hautement volatil
En quoi le simple départ d’un Premier ministre peut-il affecter l’ensemble du Vieux Continent ? Parce que Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque d’Italie puis président de la Banque centrale européenne, incarnait la stabilité dans un contexte géopolitique et économique hautement volatil depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il semblait parvenir à contenir la droite radicale berlusconienne de Forza Italia, les populistes Cinq étoiles et les nationalistes d’extrême droite de la Ligue – dans leur grande majorité sensibles aux thèses de Poutine – et surtout rassurait les marchés financiers alors que l’Italie croule sous une dette infernale.
Prévenir toute panique
Témoins, la plupart des pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis de Joe Biden, ont essayé ces derniers jours de convaincre le chef du gouvernement italien de rester à son poste alors que l’Europe fait face à une inflation galopante due en partie à la guerre en Ukraine qui pèse sur les approvisionnements en gaz et céréales.
«Parfois les banquiers centraux utilisent leur cœur», a déclaré Draghi avant de tirer sa révérence au moment même où la Banque centrale européenne, justement, annonçait une hausse de son taux directeur afin de lutter contre l’inflation et de prévenir toute panique. Après la crise grecque et la pandémie de Covid-19, l’Europe se trouve donc de nouveau à un moment crucial et éminemment dangereux alors que le pilier franco-allemand n’est pas au mieux de sa forme, fragilisé par la guerre en Ukraine et sa faiblesse politique. A chaque fois, c’est le principe de solidarité qui a permis d’éviter la catastrophe. Celui-ci est plus important que jamais. L’Europe ne peut se permettre aucune faute de carre.