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L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Avec les piafs, la vie en rose

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Des études scientifiques récentes démontrent les bienfaits du chant des oiseaux pour lutter contre le stress, l’anxiété ou la dépression.
La sturnelle de l'Ouest (Sturnella neglecta) est une espèce de passereau. (David C Stephens/Getty Images)
publié le 20 mars 2025 à 21h21

L’été dernier, nous traversions la gare du Nord à la nuit tombée, noyée dans la foule des fondus de Jeux olympiques cherchant désespérément l’accès aux RER et aux métros quand, soudain, une volée de pépiements nous a cueillie par surprise. Nous avons pilé net, regardé en haut, en bas, à droite, à gauche. Rien. Pas la moindre plume à l’horizon. Les gazouillis semblaient sortir des murs de béton. Autour de nous, des sourires s’esquissaient, des visages se détendaient. Ces chants d’oiseaux, en quelques secondes, nous avaient fait l’effet d’un «baume sonore», pour reprendre l’expression de l’ornithologue Jean-Noël Rieffel. Certes, ils n’étaient pas naturels, nous l’avons compris le jour d’après et un mois plus tard quand les mêmes pépiements continuaient à percer les murs. Ils avaient pour simple but de détendre les passagers stressés.

C’était artificiel mais bien tenté. Car les bienfaits des chants d’oiseaux sur la santé mentale sont multiples, de nombreuses études le prouvent. Et ces bienfaits sont décuplés quand ces mélodies sont captées en pleine nature, accompagnées d’un bruissement dans un feuillage ou du ruissellement d’une rivière. Ils agissent alors comme une bouffée d’oxygène, un moment suspendu, dépoussiéré, dépollué, un ancrage dans le monde qui nous environne, nous ont expliqué la naturaliste Elise Rousseau et l’écologue Philippe J. Dubois à l’occasion de la publication de leur livre, Ornithérapie. Oui, le chant des oiseaux est une véritable thérapie, certains médecins britanniques le prescrivent en cas de crises d’anxiété ou de dépression, et c’est bien pour cela que nous avons choisi, en ce début de printemps, d’en faire notre une. Ce monde qui bascule sous nos yeux dans un nouvel ordre encore incertain, ces massacres qui se multiplient en divers coins de la planète, créent une angoisse et un sentiment d’impuissance qui peuvent facilement nous anéantir. Il ne s’agit surtout pas de détourner les yeux ni de baisser les bras, bien au contraire, mais de parvenir à trouver, l’espace d’un instant, de quoi nous permettre de continuer à avancer.