Le chef du gouvernement israélien a donc choisi la démonstration de force, et le scénario du pire. En lançant deux frappes meurtrières sur Beyrouth mardi 30 juillet contre le numéro deux du Hezbollah et sur Téhéran mercredi 31 contre le chef politique du Hamas, il a pris le risque, en toute conscience, de provoquer une guerre régionale aux conséquences imprévisibles. Depuis qu’une frappe attribuée au Hezbollah a tué dimanche douze enfants et adolescents sur le Golan annexé par Israël, la communauté internationale – Etats-Unis en tête – tentait de retenir la main de Benyamin Nétanyahou par peur d’une escalade régionale. Il est passé outre, engagé dans une fuite en avant qui ne peut que rajouter de la violence à la violence et éloigner tout espoir de solution politique à court ou moyen terme.
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Alors que se rapproche la commémoration de l’attaque terroriste du Hamas sur Israël, le 7 Octobre, et alors que les bombardements israéliens en représailles sur Gaza entrent dans leur 300e jour, l’avenir de la région apparaît de plus en plus incertain, gouverné par la seule loi du talion. Œil pour œil, dent pour dent, c’est l’unique langage que semblent connaître les leaders de la région. Et, chaque fois, un palier supplémentaire risque d’être franchi. En avril, une frappe israélienne sur le consulat iranien à Damas avait entraîné une contre-attaque iranienne sur Israël sous la forme d’une pluie de missiles et de drones dont la plupart avaient été interceptés par les défenses antiaériennes occidentales, israéliennes et jordaniennes. Une riposte qui n’était pas destinée à détruire mais plutôt à impressionner. Comment réagira cette fois Téhéran alors qu’Israël lui a infligé la double humiliation de frapper sur son sol et en pleine investiture de son nouveau président ? Et Israël a-t-il vraiment les moyens de mener une guerre sur tous les fronts : à Gaza où se terre toujours le chef militaire du Hamas, Yahya Sinwar ; au Liban contre le Hezbollah ; en Cisjordanie où la colère des Palestiniens enfle au rythme des exactions des colons ; contre les Houthis en mer rouge ; et enfin contre l’Iran ? Plus personne ne semble avoir la moindre prise sur le cycle mortifère en cours, encore moins des Etats-Unis engagés dans une campagne électorale à haut risque.