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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Benyamin Nétanyahou : la folie guerrière

En dépit de l’opposition de l’armée et d’énormes manifestations en Israël et dans le monde, le Premier ministre a affirmé dimanche 10 août être décidé à «terminer le travail» à Gaza, poursuivant sa fuite en avant dévastatrice.
Benyamin Nétanyahou, dimanche 10 août lors d'une conférence de presse à Jérusalem. (Abir Sultan/Reuters)
publié le 10 août 2025 à 21h17

Si l’on résume la situation du Premier ministre israélien, il est désavoué par une grande partie de sa population (sa cote de popularité est au plus bas) et notamment par les familles des otages, il a contre lui une grosse partie de l’armée, à commencer par le chef d’Etat-major, et il est montré du doigt par la plupart des dirigeants de la planète, y compris par le chancelier allemand qui lui était plutôt acquis et qui a annoncé vendredi 8 août l’interruption de toute vente d’armes vers Israël susceptible d’être utilisée dans la bande de Gaza.

Et pourtant, Benyamin Nétanyahou continue à faire de cette enclave un cauchemar pour les 2 millions de Palestiniens qui, menacés par la famine et les tirs de l’armée israélienne, tentent de plus en plus difficilement d’y survivre ; à risquer la vie des otages toujours détenus par le Hamas qui pourraient ne pas survivre à l’offensive de plus grande ampleur prévue ; et à mettre Israël au ban de la communauté internationale.

Obsession de rester au pouvoir

Dimanche 10 août, alors que le Conseil de sécurité de l’Onu se réunissait en urgence sur le sujet, effaré par les possibles conséquences sur la région qu’entraînerait une offensive israélienne sur Gaza City, Nétanyahou affirmait à Jérusalem vouloir «terminer le travail» à Gaza, s’en prenant – à la manière d’un Donald Trump – aux médias étrangers qui, selon lui, déforment la réalité, et au chancelier allemand qui aurait succombé à leurs «fake news».

Emporté par sa folie guerrière et son obsession de rester au pouvoir, Nétanyahou n’a, dans sa propre logique, plus d’autre choix que celui de s’obstiner et de poursuivre sa fuite en avant, c’est là le drame. Ses ministres d’extrême droite, qui souhaiteraient recoloniser Gaza et trouvent son plan trop léger, l’accusent de s’être «rendu aux faibles» et le chef de l’opposition lui reproche de «démanteler le pays de l’intérieur». A force de jouer avec le feu, le Premier ministre israélien va finir par s’y brûler mais, d’ici là, il aura fait un nombre incalculable de dégâts humains et politiques sans que personne, et c’est là l’autre tragédie, ne parvienne à l’arrêter.