Qu’ils soient syndiqués ou non, politisés ou non, jeunes ou âgés, de droite ou de gauche, les Français en ont globalement assez du chaos politique dans lequel Emmanuel Macron les a plongés depuis la dissolution ratée de l’Assemblée nationale. Cette lassitude s’exprime chez certains par une envie de ne plus s’impliquer, voire de ne plus se rendre aux urnes puisque «ça ne sert à rien», entend-on fréquemment ; chez d’autres, par une profonde colère née du sentiment de ne pas être entendus et surtout d’être les seuls à être sommés de faire des efforts.
Nul ne sait quelle sera l’ampleur de cette journée du 10 septembre mais une chose est sûre : l’envie est là et partagée de manifester son ras-le-bol des mois d’immobilisme sous François Bayrou (et de sa demande de renoncer à deux jours fériés), des zigzags politiques de Michel Barnier, de la surdité d’Emmanuel Macron, de la réforme des retraites toujours pas digérée, et globalement de ce sentiment de lent déclassement qui s’est emparé du pays, du fait notamment de la dégradation continue des services publics. «Cela fait longtemps qu’on tire la sonnette d’alarme», nous a confié une des nombreuses personnes interrogées au cours de notre plongée dans ce ras-le-bol français. Et, malgré tout, rien ne bouge. Pire, pour les plus fragiles, le sentiment s’est installé que leur situation s’aggrave, que ce soit pour cette agricultrice qui parvient difficilement à vivre de sa masse de travail ou pour ces chauffeurs de VTC contraints de dormir dans leur voiture car ils ne s’en sortent plus.
La nomination de Sébastien Lecornu ne change rien à l’affaire, au contraire. Pour beaucoup, ce mercredi 10 septembre est aussi le moyen de faire savoir à Emmanuel Macron qu’il doit changer de politique et, s’ils ne sont pas entendus, la grève du 18 septembre sera une deuxième occasion de le clamer. Bien sûr, le risque est grand que cette journée de contestation, lancée par des mouvements populistes et déjà récupérée par LFI pour appuyer sa demande de destitution du chef de l’Etat, se transforme en pétaudière et n’aggrave encore la situation du pays. Une raison supplémentaire pour qu’Emmanuel Macron mette très vite un terme au chaos politique en tenant compte de ce qui remonte du terrain : la colère est profonde et il est temps d’y répondre.