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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

«Brebis galeuses» : non, le RN n’a pas changé

Presque un an après les révélations de «Libé» sur les propos racistes ou antisémites de candidats et candidates du parti d’extrême droite aux législatives, nombre d’entre eux sont toujours confortablement en place. Alimentant plus que jamais un climat politique toxique en France.
Marine Le Pen, Jordan Bardella et les brebis galeuses du RN. (Ludovic Marin- DR/AFP )
publié le 9 juin 2025 à 21h19

Souvenez-vous, le 5 juillet, Libération consacrait sa une à tous ces complotistes, antisémites et racistes qui se présentaient aux législatives sous l’étiquette du Rassemblement national. Mine de rien, cela en faisait un paquet et c’est sans doute cette alerte – ainsi que celles lancées par d’autres médias – qui a contribué à empêcher l’extrême droite d’entrer à Matignon. A l’époque, Jordan Bardella avait juré que ces «brebis galeuses», comme il les avait lui-même qualifiées, ne constituaient qu’une infime minorité et seraient prestement éjectées du parti.

Près d’un an plus tard, nous avons voulu vérifier ce qu’il en était. Eh bien le résultat de notre enquête n’est pas beau à voir. Le RN a beau tenter de se donner des airs de respectabilité, quand on gratte un peu, la réalité est bien moins reluisante. Selon nos enquêteurs, près de 90 de ces «brebis galeuses» sont toujours membres du RN, dont une trentaine de parlementaires et une quinzaine d’élus au niveau municipal, départemental ou régional. Ce n’est pas rien. On peut donc tenir des propos ouvertement racistes ou suprémacistes et continuer à siéger à l’Assemblée nationale. On en a malheureusement vu les répercussions possibles, il y a peu, quand Christophe B., dans une commune du Var, a tué son voisin tunisien de sang-froid dans un déchaînement de haine raciste après avoir posté des vidéos dont l’une au moins appelait à voter pour le RN.

Lors de la marche blanche en l’honneur de Hichem Miraoui, dimanche 8 juin, beaucoup pointaient du doigt le climat politique toxique qui peut faciliter le passage à l’acte. L’extrême droite, c’est avéré, alimente ou influence nombre de groupuscules ou individus violents. Et elle ne s’en cache pas. Lundi, près de Montargis (Loiret), Marine Le Pen était radieuse en entendant les propos flatteurs que lui adressaient ses amis Viktor Orbán, Premier ministre hongrois, ou Matteo Salvini, vice-président du Conseil des ministres italien, deux hommes qui ne cessent de faire peser sur les immigrés, et surtout sur les musulmans, la responsabilité de tous les maux de l’Europe.