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Libération
L'édito de Paul Quinio

Budget 2026 : en annonçant la douloureuse, François Bayrou semble prendre son pied

Le Premier ministre a présenté ce mardi 15 juillet son plan tant attendu pour trouver 43,8 milliards d’euros en perspective du budget 2026. Un «moment de vérité» où le Béarnais est paru très détaché.
François Bayrou lors de la présentation du budget 2026, à Paris, le 15 juillet 2025. (Albert Facelly/Libération)
publié le 15 juillet 2025 à 20h17

C’était flagrant, comme le nez au milieu du visage : François Bayrou, l’élocution plus fluide qu’à l’accoutumée, a kiffé son «moment de vérité». C’est ainsi qu’il avait décidé de baptiser la présentation de ses deux plans pour trouver dans le prochain budget non pas 40 milliards mais 43,8 milliards, hausse des dépenses militaires voulue par Emmanuel Macron oblige. C’était flagrant avant même qu’il ne commence à parler, quand il a, en arrivant, embrassé comme du bon pain ses ministres assis au premier rang. C’était flagrant dans son introduction d’un quart d’heure sur «la malédiction de la dette qui n’a pas d’issue», sur «ce moment critique de notre histoire», «cette dernière station avant la falaise». Ou quand il a conclu, avec un sourire détaché et des accents quasi présidentiels, en évoquant cette «vie politique menacée de dissolution» à force d’avoir repoussé, justement, «ce moment de vérité» face au mur budgétaire.

Mur qu’il a d’abord semblé vouloir enjamber en entretenant le flou sur des propositions mille fois entendues sur le patrimoine de l’Etat, les participations dans les grandes entreprises, la rationalisation des agences publiques, la réduction de certaines dépenses de santé et on en passe. Avant de sortir du lourd : année blanche, mise à contribution des retraités les plus aisés, suppression de deux jours fériés, non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, barème de l’impôt, discussion avec les partenaires sociaux sur l’assurance chômage et on en passe, là encore. Une douloureuse déclinée par un Premier ministre qui avait toujours l’air de prendre son pied. Et d’être paradoxalement plus que jamais à son affaire en étant, chaque seconde qui passe, moins certain que jamais de rester aux affaires. C’est la question : le Premier ministre a-t-il kiffé son «moment de vérité» parce qu’il avait des airs de testament ?