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Libération
L'édito d'Alexandra Schwartzbrod

Budget de la défense : qui va casquer pour l’armée ?

La volonté de l’exécutif d’augmenter massivement le budget de la défense dans un contexte de diète des dépenses publiques suscite l’inquiétude. Grand emprunt, saisie des avoirs gelés de la Russie, mobilisation de l’épargne privée… Si les pistes sont nombreuses, peu font l’unanimité.
Lors d'une démonstration de l'armée française au salon Eurosatory, en 2022. (Fred Marie/Fred Marie)
publié le 12 mars 2025 à 21h08

Cela fait un moment qu’on le voit arriver gros comme une maison, ce marchandage d’arrière-garde : des canons contre des pensions. Avec plus ou moins d’habileté, divers économistes, représentants de la majorité ou du gouvernement et jusqu’au chef de l’Etat se succèdent depuis quelque temps dans les médias pour souligner que le réarmement du pays et du continent aura un coût, et même un énorme coût, et qu’il faudra bien trouver un moyen de le financer alors que la France doit parallèlement résorber un déficit public colossal.

Nul besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre le sous-texte : pour s’offrir de nouvelles frégates et de nouveaux Rafale, il va falloir travailler davantage, et peut-être repousser encore l’âge où les salariés décrochent. Autant dire que la relance des discussions entre syndicats et patronats sur la réforme des retraites, qui doit donner lieu à une nouvelle réunion ce jeudi 13 mars, part sur de très mauvaises bases. Ce qui est extrêmement dommage car opposer les deux sujets ne fera pas du bien à une société déjà très clivée. D’autant qu’il existe d’autres solutions pour éviter de faire peser le poids de ce coût sur les seuls salariés.

Et d’abord les hausses d’impôts qui permettraient, convenablement dosées, de demander un effort aux Français qui en ont les moyens, salariés ou retraités, patrons ou artistes, et aux grandes entreprises. . Mais Emmanuel Macron est arc-bouté contre les hausses d’impôts, il n’en démord pas, même si la cohésion du pays doit en pâtir. Utiliser l’épargne – conséquente – des Français et mobiliser le secteur privé ? C’est une possibilité, qui n’est pas sans risques. Piocher dans les avoirs russes est aussi une piste sérieuse mais elle ne fait pas l’unanimité. Bref, tout est sur la table et il vaudrait mieux que ce passionnant débat soit mené sans a priori ni mauvais desseins. Car le renforcement de la défense du pays et de l’UE, indispensable au vu du lâchage américain et de la menace russe, se fera d’autant plus facilement qu’il obtiendra l’adhésion du plus grand nombre.